CANARY (カナリア) de Shiota Akihiko (2004)

CANARY

Titre Original : Kanaria – カナリア
2004 – Japon
Genre : Drame
Durée : 2h12
Réalisation : Shiota Akihiko
Musique : Ôtomo Yoshihide
Scénario : Shiota Akihiko

Avec Ishida Hôshi, Tanimura Mitsuki, Nishijima Hidetoshi, Koda Miyako, Eguchi Noriko, Inoue Yukiko, Michié, Mizuhashi Kenji, Shinagawa Tôru, Toda Masahiro et Tsugumi

Synopsis : Deux enfants, tous les deux abandonnés par leur famille, se lancent dans un périple pour rejoindre Tokyo, alors qu’une secte, dont la mère de l’un d’entre eux fait partie, prend de l’ampleur au Japon et s’apprête à lancer une attaque sur Tokyo.

Canary, cela faisait des années que j’en entendais parler, et mine de rien, des années que le DVD trainait sur une étagère. Il était donc temps de rendre justice au film et de se lancer, surtout que le film, avec sa durée de 2h12, a pour double ambition d’exorciser dans un sens un élément réel ayant eu lieu à Tokyo en 1995, tout en réalisant le portrait de deux enfants, délaissés de tous, et qui par la force des choses, vont devoir grandir, probablement bien plus rapidement qu’ils ne le devraient. Est-ce que le film réussi ce qu’il entreprend, ou bien ses deux éléments sont trop pour le réalisateur, Shiota Akihiko (qui signe aussi le scénario), qui va alors devoir faire le choix de laisser une de ses deux intrigues sur le carreau ? Et bien finalement, un peu par miracle, on peut dire que le réalisateur s’en sort admirablement bien, parvenant à jongler entre les deux éléments principaux de son intrigue, grâce à deux points de vue différents, une narration pas forcément chronologique, et surtout, aidé par deux jeunes acteurs de talent. Dont une actrice que vous connaissez forcément un peu si vous me lisez depuis quelques temps, puisque Canary est son premier rôle. Je parle bien entendu de Tanimura Mitsuski, actrice autant à l’aise dans des petites productions au premier plan que dans des grosses productions dans des rôles moindres, et que l’on a pu apercevoir dans du V-Cinema, dans des téléfilms, dans des gros films, et même chez Miike il y a bien des années de cela avec God’s Puzzle, où elle y tenait le premier rôle féminin, mais aussi des petits rôles dans 13 Assassins ou Ace Attorney. Bien que peu connue du grand public, elle représente un peu le visage d’une actrice multi-tâche et qui ne se limite pas à un genre, un studio, ou un archétype, si bien que l’on peut la retrouver à faire du doublage aussi (La Traversée du Temps, Les Enfants Loups), puis être le visage de la saga Torihada (des anthologies horrifiques), avant de signer quelques films clairement d’auteurs (Canary donc, mais aussi Asleep par exemple), puis du cinéma un peu fauché mais pas dénué d’envie (The Chasing World, Salvage Mice)…

Bref, je m’égare, revenons à Canary. Canary donc veut parler, comme bien d’autres films avant lui, d’un triste fait divers, à savoir une attaque au gaz Sarin sur le métro de Tokyo ayant eu lieu le 20 Mars 1995 effectué par un groupe sectaire connu sous le nom de mouvement Aum Shinrikyo. 13 morts, 50 blessés, des soucis pour des milliers d’autres usagers des transports Tokyoïte, le tout perpétré donc par un groupe avec 5 attaques simultanées. Le pourquoi du comment, il est assez vague, et je ne m’y connais pas assez pour prétendre être un expert et m’étendre sur le sujet, mais il y est question de bioterrorisme, de cultes, d’apocalypse programmée et de troisième guerre mondiale, rien que ça. Bref, un programme réjouissant, qui avait déjà inspiré d’autres réalisateurs avant, et qui continue d’en inspirer certains. Pour parler de cette secte et des événements menant aux attaques, le réalisateur fait donc le choix de porter le regard du spectateur sur Koichi, qui rejoint la secte malgré lui avec sa mère et sa petite sœur. Etant bien entendu contre les événements et contre les techniques de ladite secte envers ses « fidèles », Koichi assiste, impuissant, à la destruction de sa propre famille et devra donc apprendre à se débrouiller tout seul. Lorsque le film commence ceci dit, nous n’en sommes pas là, nous sommes loin après, puisque Koichi est livré à lui-même, ayant quitté avec sa jeune sœur la secte, seulement leur grand-père aura décidé de ne récupérer que la petite sœur. Décidant de partir la retrouver à Tokyo, avant que la secte ne lance la fameuse attaque d’ailleurs, Koichi va croiser la route de Yuki, qui va se joindre à lui dans son périple, elle qui a été totalement délaissée par son père. On s’en rend finalement vite compte, malgré le second acte du métrage faisant office de flashback et revenant sur le passé de Koichi, et notamment son entrée dans la secte, que le réalisateur accorde bien plus d’importance à ses personnages principaux, à leurs conflits internes et personnels, et à la dynamique entre les deux.

Tanimura Mitsuki est donc assez impressionnante dans ce rôle, elle qui débutait et était pourtant si jeune, mais Ishida Hoshi, à la carrière plus discrète et confidentielle malgré sa participation à quelques gros films (le dernier Kenshin par exemple), n’est pas en reste, et les deux jeunes acteurs portent vraiment le film sur leurs épaules, et s’avèrent justes, et encore mieux, par moment réellement touchants, notamment dans le dernier tiers du métrage. Le réalisateur semble en tout cas tout miser sur son casting, et ne laisse jamais sa mise en scène venir parasiter le jeu de ses acteurs, préférant filmer leur performance et capturer l’instant présent. Le drame fonctionne donc, les scènes touchantes sont nombreuses notamment lorsque les deux personnages finissent par s’ouvrir l’un à l’autre, et donc à extérioriser ce qu’ils ressentent, et le film livre de très beaux moments, simples en apparence, mais c’est aussi ça qui est beau. Savoir parler de sujets sensibles sans en faire des tonnes, le tout en sachant profiter à la fois du talent de ses acteurs et de la très belle campagne Japonaise dans laquelle se déroule un bon 70% du métrage. Ce qui est dommage, c’est que Canary ne soit pas si connu, restant dans l’ombre, oublié de tous, et n’ayant eu droit qu’à un DVD (inédit en France évidemment). Certes, le sujet dont il s’inspire n’est pas forcément très connu aujourd’hui en dehors du Japon, et il est vrai que le rythme très lent proposé par le film ne conviendra pas non plus à tous les spectateurs, mais la proposition de Shiota Akihiko est des plus intéressantes. Bref, si un jour Spectrum Films veut se pencher sur le cinéma Japonais indépendant de la première moitié des années 2000, Canary est un bon choix (mais aussi des films comme Kakera, Sawako Decides et j’en passe).

Les plus

Un très bon casting
Une poignée de scènes touchantes
Filmé simplement, mais bien filmé
L’alchimie et le cheminement des personnages

Les moins

Peut-être trop lent pour plaire à tous

En bref : Canary, c’est le très beau portrait de deux enfants devant grandir malgré eux, livrés à eux-mêmes, avec en toile de fond un vrai drame humain. Très beau.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ A really good cast
♥ Some very touching scenes
♥ Filmed simply, but well filmed
♥ The alchemy between the characters and their journey
⊗ Maybe too slow to be enjoyed by everyone
Canary is the beautiful portrait of two kids who have to grow up, alone, with a real human drama behind it. Beautiful.

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