LA MAIN (Talk to Me) de Danny Philippou et Michael Philippou (2022)

LA MAIN

Titre Original : Talk to Me
2022 – Australie
Genre : Fantastique
Durée : 1h35
Réalisation : Danny Philippou et Michael Philippou
Musique : Cornel Wilczek
Scénario : Danny Philippou et Bill Hinzman

Avec Sophie Wilde, Miranda Otto, Joe Bird, Alexandra Jensen, Zoe Terakes, Otis Dhanji et Chris Alosio

Synopsis : Un groupe d’adolescents découvre le moyen d’entrer en contact avec le monde des esprits grâce à une main embaumée dont la règle principale est de ne pas tenir la main plus de 90 secondes. L’expérience devenue virale sur les réseaux sociaux, Mia, bouleversée par une tragédie familiale, décide de tenter l’expérience mais les conséquences vont être bien plus violentes et terrifiantes que prévu.

Talk to Me, rebaptisé en France La Main, ce qui va bêtement lui fermer la porte au jeu de mot de sa suite prévu pour 2025 (Talk 2 Me), c’est un petit métrage Australien au budget réduit de 4.5 millions sur lequel j’avais fait l’impasse jusque-là, persuadé, vu qu’il s’agissait entre autres d’un film à concept, que ça allait être une énième production vide de chez Blumhouse, ou quelque chose du même genre. Trois ans plus tard donc, je suis tombé dessus, et à ma grande surprise, c’était sympathique comme tout. Pas révolutionnaire au final, pas si flippant que ça, mais fort sympathique, sérieux, et avec un concept que le film a la bonne idée de ne jamais sur-expliquer. En gros, un groupe de jeunes à en sa possession une main embaumée qui, si on la tient, nous met en lien avec les esprits, que l’on peut alors inviter à nous parler (le fameux Talk to Me du titre), voire à prendre possession de notre corps (« I let you in »). Un rituel censé être sans danger à condition que l’on respecte quelques règles, dont la plus importante est que l’expérience ne peut pas durer plus de 90 secondes. Pourquoi 90 secondes ? D’où vient la main ? Est-ce que les esprits que l’on invoque sont là au hasard ou bien est-ce que ça invoque des esprits en particulier ? Nous ne saurons rien de tout ça, et honnêtement, et bien tant mieux, ce n’est absolument pas nécessaire, et surtout, le film veut surtout utiliser le concept de cette fameuse main pour parler d’autre chose via le personnage principal de Mia, jeune femme traumatisée depuis la mort de sa mère, et en froid avec son père. Du coup, forcément, lorsqu’elle va tenir la main et faire toutes les étapes décrites plus haut, rien ne se passe comme prévu, et cela va donc permettre au film de foncer dans ce qu’il veut réellement raconter, à savoir, le drame, la famille, la perte de repères.

Talk to Me veut autant parler via le prisme de son concept fantastique au final de thèmes plus humains et psychologiques, et ça, c’est tout à son honneur. Même si au départ, j’ai eu peur, très peur. Car en voulant à tout prix parler au public actuel sur des sujets on ne peut plus sérieux, le film en choppe en quelque sorte les tics, avec utilisation constante par les personnages de leur téléphone, de Snapchat, de filtres et j’en passe. Ce qui est dommage, c’est que du coup, dans 10 ans, Talk to Me paraîtra sans doute incroyablement daté, et que l’on regardera tout ça en se disant que oui, tous ces filtres à la con et ces modes, et bien, c’était quand même nul. Mais nous sommes en 2025, Snapchat est toujours là, toujours utilisé par beaucoup (et je peux vous dire qu’en Asie, ils adorent ça et leurs filtres mignons), et donc Talk to Me est toujours d’actualité, et en plus, s’ouvre sur un plan séquence plutôt efficace qui montre que les deux réalisateurs, qui signent leur premier long ici, maitrisent leur caméra, et savent gérer la foule. L’intrigue, elle démarre très rapidement, avec la rapide présentation des personnages, notamment Mia donc, qui fera office de personnage principal avec son lot de trauma, et la famille de sa meilleure amie Jade, avec le petit frère Riley et la mère, Sue (Miranda Otto). Que ce soit par curiosité, pur plaisir, pour impressionner ses amis, ou dans le cas de Mia, pour espérer faire son deuil et parler une dernière fois à sa mère, tous vont rapidement rentrer en contact lors d’une soirée avec cette fameuse main qui va faire déraper leur quotidien. Doucement d’abord, puisque le film a également la bonne idée de ne pas céder à la sirène du jumpscare facile à outrance. Pas d’abus de son pour nous exploser les tympans, pas d’apparition spectrale toutes les deux minutes, mais une certaine retenue dans ses effets.

Ce qui n’en fait pas non plus un film parfait, oh loin de là. Car de cette première partie, on pourra néanmoins parler des personnages. Certes, le film veut parler au public actuel, mais si les personnages sont censés représenter le public actuel, et bien ça fait peur, puisque là finalement, on nous dépeint surtout une bande de jeunes qui n’a aucune ambition dans la vie, si ce n’est chercher à se mettre KO en soirée en cherchant le prochain moment qui va leur donner un peu d’adrénaline, quitte à se mettre en danger. Sur ce point, on n’est pas si loin en réalité d’une production banale de chez Blumhouse… En fait, c’est sans doute là la force du métrage. Nous endormir avec une première demi-heure que l’on qualifiera gentiment de peu intéressante et surtout de peu subtile (ahlala, le lien à peine grillé entre la main et le thème de l’addiction), avant de vriller lors de sa scène pivot en s’attaquant au plus faible du groupe, et donc, au plus jeune, de manière graphique et frontale, afin de faire perdre pied au personnage principal, progressivement, de la mettre sur la route d’une quête qu’elle est vouée à perdre d’avance quoi qu’il arrive. La Main, finalement, c’est clairement un film au ton noir, désespéré, mâtiné de quelques visions d’horreur qui ne sont pas sans rappeler un certain Event Horizon (le montage cut inclus en option, ce qui permet de ne pas trop faire crier la censure), et qui finalement, fonctionne dans ce qu’il raconte peut-être justement à cause du vide de sa première demi-heure et de ses personnages un peu cons. Du coup, bien joué. Mais du coup, la question se pose, que faire de la suite qui doit débarquer cette année ? Jouer la même carte ne fonctionnera pas deux fois, donc il va bien falloir jouer sur un autre tableau. Réponse plus tard dans l’année.

Les plus

Un concept qui reste flou, tant mieux
De belles choses visuellement
Une violence frontale qui fait mal
Des thématiques pas inintéressantes

Les moins

Une première demi-heure qui fait peur
Des personnages pour beaucoup ratés

En bref : Passé sa première demi-heure assez ratée, La Main (Talk to Me) montre alors tout son potentiel et se fait plus noir, plus accrocheur. En soit, si ça fonctionne autant, c’est sans doute même volontairement à cause de sa première demi-heure. Pas une claque, pas une révolution, mais intéressant et parsemé de très bons moments.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ It’s not overexplained
♥ Some nice things visually
♥ It’s sometimes violent
♥ The themes are not bad
⊗ The first half hour is scary, not for good reasons
⊗ The characters are not really likeable
After the first half hour that isn’t that good, Talk to Me shows its potential finally and becomes darker, more interesting. If it works, it’s also thanks to the start. Not crazy, not a masterpiece, but interesting and with good moments.

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