JACKIE CHAN DANS LE BRONX (紅番區) de Stanley Tong (1995)

JACKIE CHAN DANS LE BRONX

Titre original : Rumble in the Bronx – Gong Fan Ou – Hung Faan Aau – 紅番區
1995 – Hong Kong / Canada
Genre: Comédie d’action
Durée : 1h27 (version internationale), 1h46 (version HK)
Réalisation : Stanley Tong
Musique: Nathan Wong (version HK), J. Peter Robinson (version internationale)
Scénario :  Edward Tang et Fibe Ma

Avec Jackie Chan, Anita Mui, Bill Tung, Françoise Yip, Marc Akerstream, Garvin Cross et Morgan Lam

Synopsis : Keung débarque à New York pour le mariage de son oncle, Bill, qui vend son magasin à Elaine, une jeune chinoise. Keung décide de rester pour l’aider à gérer le commerce, mais va rapidement se retrouver confronté aux agissements d’un gang du coin.

Après avoir passé une année entière sur Drunken Master 2 qu’il a coréalisé, et où il tenait le rôle principal, Jackie Chan pense alors qu’il est grand temps de retenter de percer le marché Américain. Pour cela, il refait appel pour la mise en scène à son ami Stanley Tong qui avait emballé trois ans plus tôt un Police Story 3 de très honnête facture déjà, et décide de délocaliser son histoire à New York, dans le Bronx plus exactement. Pour autant, le tournage aura lieu au Canada (ça coûte moins cher). Et Jackie Chan dans le Bronx fut le film vainqueur, puisqu’il remporta en effet une certaine notoriété en Amérique, ce qui petit à petit permis à Jackie Chan de se faire un nom là bas aussi et d’y tourner ses films par la suite, pour le meilleur et surtout pour le pire. Néanmoins, si Jackie Chan dans le Bronx s’est fait remarqué, c’est dans son montage internationale, raccourci de presque 20 minutes, et donc assurément orienté action. Et il faut bien l’avouer, ça fonctionne du tonnerre, puisque comme souvent, l’intrigue n’importe que peu, elle est aussi mince qu’un post-it, mais propice à faire avancer l’aventure rapidement et à nous balancer des scènes d’action parfois inventives à intervalle régulier. Pour ce film visant totalement le public Américain, Jackie Chan met certaines de ces caractéristiques de côté, et commence à aseptiser son style. Stanley Tong était donc le réalisateur parfait pour ça. Ainsi, la comédie sera très en retrait, les filles toujours potiches et peu utiles, les méchants sont stéréotypés au possible et ne sont que de vulgaires petits truands pour les uns, des gens de la mafia pour le autres. Le Kung-Fu lui se fait forcément plus discret, étant donné que les personnes contre qui Jackie va se battre n’y connaissent pas forcément grand chose, et le montage sera plus découpé que d’habitude, sauf pour les classiques cascades effectuées par Jackie en one shot !

Ainsi, malgré tout ces défauts (il en a un paquet il faut bien avouer), Jackie Chan dans le Bronx remplit déjà son but premier : divertir. Et oui, s’il y a, comme pour police Story 3, quelque chose que l’on ne peut pas reprocher à Stanley Tong, c’est de savoir gérer son rythme. Le métrage va à 100 à l’heure, Jackie se retrouvant toujours dans des situations dangereuses, aux prises avec divers gangs, et il n’a pas le temps de souffler. On notera même une scène surprenante pour un film avec Jackie Chan : celle de son passage à tabac dans la ruelle, dans laquelle le pauvre se prendra des dizaines de bouteilles en verre de plein fouet, avant que le gang ne le laisse là, baignant dans son sang. Une scène violente inhabituelle encore une fois, et qui est surprenante quand on sait le traitement que Jackie a fait à Kirk Wong sur Crime Story qu’il trouvait trop sombre et violent. Passé sa première altercation avec le gang d’ailleurs, Jackie les retrouvera partout.

Tabassé, il se fera soigner, et à peine sortira-t-il de son appartement qu’il les croisera au coin de la rue. Tout s’emboite et s’enchaîne très facilement pour divertir le spectateur, du moins dans la version internationale, qui se fiche quelque peu de la logique ou autre. Ce qui dans le fond n’est pas si mal pour certains points, même si certains personnages sont du coup totalement effacés. Car si Jackie Chan et Stanley Tong prennent des acteurs locaux et Américains pour jouer, forcément, les mafieux et autres membres de gangs locaux, ils s’entourent de valeurs sures et d’acteurs qu’ils connaissent bien pour les autres. Ainsi, on retrouve Bill Tung dans le rôle d’un oncle Bill différent de la saga Police Story (mais pas tant que ça dans la version longue HK), mais aussi Anita Mui après sa grande participation à Big Brother en 1989 et à Drunken Master 2 l’année précédente. Si Bill Tung n’a qu’un petit rôle comme souvent, Anita Mui a vu son rôle se faire très largement charcuter pour la version internationale. Ainsi, elle est totalement laissée de côté.

Mais qu’importe, puisque la plupart des spectateurs connaissent Jackie Chan dans le Bronx pour sa version écourtée, délivrant son quota d’action et de cascades. Comme à son habitude, Jackie a donné de sa personne et se blessa, en sautant sur un aéroglisseur en marche. Malgré sa blessure, il continua le tournage avec la jambe dans le plâtre et une chaussette en forme de chaussure. Courageux, comme à son habitude. Dans sa version courte, Jackie Chan dans le Bronx est une comédie d’action rondement menée. On passe un bon moment devant un métrage au scénario toujours aussi vide diront certains, mais blindé de cascades folles (le saut d’un immeuble à l’autre). En découvrant le film dans sa version longue, si elle ne change pas radicalement le film, de nombreux nouveaux éléments font leurs apparitions. Déjà, le rôle de Anita Mui prend de l’importance, la plupart de ses scènes, et pas forcément humoristiques, sont plus longues, tandis que d’autres ont été tout simplement coupées du montage. Ainsi, l’enchaînement des scènes se fait bien plus naturellement (Jackie ne tombe pas toujours sur le gang par hasard, ou ne se retrouve plus à tel ou tel endroit comme par magie) et le scénario, s’il reste d’une simplicité absolue, se montre plus sérieux.

La version HK: Quelques plans comiques de plus, un mariage plus long, et de nouveaux personnages qui essayent de soutirer de l’argent dans le supermarché, mais Jackie leur fait un regard qui veut tout dire!

De rapides parties des combats sont également passés à la trappe, alors qu’ils avaient leur importance (comme voir Jackie flipper en plein combat lorsqu’il voit au loin que ses ennemis commencent à se munir de bouteilles en verre, lui rappelant son passage à tabac). Dans les scènes coupées, outre une Anita Mui plus consistante, on pourra trouver pas mal de choses en commun avec la saga des Police Story. En effet, on retrouvera d’une le gag des lunettes cassées (Police Story 2), mais surtout, lors d’un dialogue entre Jackie et la police de New York, on apprendra que Keung est un policier à Hong Kong, que sa petite amie l’attends et que ses méthodes radicales ne fonctionneront pas ici. Ainsi, dans sa version intégrale, Jackie Chan dans le Bronx peut pratiquement passer pour un Police Story 4 camouflé (et bien meilleur que le vrai 4ème opus : Contre-Attaque). Autre grande différence… dans sa version intégrale, toutes les scènes entre Jackie Chan, Bill Tung et Anita Mui sont en Cantonais, au lieu de l’Anglais, nous donnant quelques dialogues parfois bien différents (notamment dans la scène d’ouverture dans la voiture entre Jackie et Bill). Si les deux versions sont parfois un poil différente, le film reste lui le même. Le montage international privilégie le rythme, tandis que la version HK permet de développer quelques personnages.

Toujours dans la version HK: Anita Mui prend de l’importance, et se fait frapper, parfois en essayant de se la jouer dur à la Jackie. Les combats sont également plus long, comme dans le combat dans l’antre du gang avec un Jackie flippant face à des bouteilles.

Les plus

Encore de très bonnes cascades
Un film très rythmé et plaisant à suivre
Anita Mui (dans la version HK)

Les moins

Scénario comme souvent bien mince
Un film un peu plus américanisé
Anita Mui (dans la version internationale)

En bref : Un très sympathique divertissement, mais très américanisé comparé à ce que Jackie avait livré rien que les années précédentes. Le film annonce un changement radical qui commencera l’année suivante.

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