ANTIVIRAL de Brandon Cronenberg (2012)

ANTIVIRAL

Titre original : Antiviral
2012 – Canada
Genre : Thriller
Durée : 1h48
Réalisation : Brandon Cronenberg
Musique : E.C. Woodley
Scénario :  Brandon Cronenberg

Avec Caleb Landry Jones, Sarah Gadon, Malcom McDowell, Douglas Smith, Joe Pingue, Nicholas Campbell et James Cade

Synopsis : Syd March est employé d’une clinique spécialisée dans la vente et l’injection de virus ayant infecté des célébrités. Mais il vend aussi ces échantillons sur le marché noir à de puissantes organisations criminelles. Sa méthode pour déjouer les contrôles de la clinique : s’injecter les virus à lui-même. Mais le procédé peut parfois être dangereux, et Syd va l’apprendre après sa rencontre avec la star Hannah Geist.

Pour beaucoup, l’existence du fils de David Cronenberg fut inconnue, jusqu’à la réalisation de son premier film, ce Antiviral donc, sorti récemment en France. Et il est dur, très dur, de passer après David Cronenberg et de porter le même nom, tant l’auteur a beaucoup apporté au cinéma de genre à travers divers films cultes (pour n’en citer que quelques uns : Scanners, Videodrome, La Mouche, Faux Semblants) avant de se lancer dans un cinéma différent ces dernières années, depuis Spider en 2002, jusqu’à Cosmopolis en 2012. Et à la vision de cet Antiviral, on peut le dire aisément, Brandon Cronenberg prend en quelque sorte la relève de son père, en continuant l’exploration d’un des thèmes fétiches du cinéaste : la maladie et comment celle ci s’infiltre et contamine la chair, le corps humain. Si bien qu’Antiviral avait de quoi intéresser dès la lecture de son speech. Dans un futur proche, une clinique injecte à ses patients des maladies ayant appartenues à des stars. Mais Brandon Cronenberg ne s’arrête pas là et va en profiter pour injecter dans son métrage bon nombre d’inspirations et de thèmes, faisant de son film un film passionnant et troublant, à condition bien entendu de rentrer dans son ambiance si spéciale. Tout en développant donc des thèmes connus du cinéma de son père, Brandon Cronenberg part d’un concept tout simple et vieux comme le monde, en s’attaquant à un souci de société qui empire tous les jours : la société de consommation. Il y a tellement de choses à dire là dessus, et Brandon fait le choix de se pencher sur les stars, de cinéma, de télévision. Ainsi, il se permet de critiquer à la fois les stars elles mêmes, les personnages les vendant, la télévision, mais également, bien entendu, les spectateurs et les fans.

Il met en quelque sorte en scène le côté le plus sombre de notre société de consommation, en nous montrant bel et bien que nous allons de plus en plus loin, trop loin même. Et bien que se déroulant dans un futur plus ou moins proche, Antiviral est un film hautement réaliste, ce qui fait vraiment froid dans le dos. Brandon nous plonge dés le début dans une ambiance sombre et surtout très froide, et toute la direction artistique, magnifique, ira dans ce sens. La musique est tantôt discrète, tantôt criante, les couleurs sont dominées par le blanc et le noir, les plans de caméras travaillés et souvent stables et lents, renforçant ainsi l’ambiance étrange qui se dégage de cette histoire totalement surréaliste mais pourtant totalement plausible. Dans un premier temps, le métrage nous présente son personnage principal, l’univers dans lequel l’histoire évolue, ses règles. On nous présente donc Syd March, joué par un Caleb Landry Jones possédé que l’on avait aperçu dans The Social Network mais également dans un rôle clé du dernier X-Men (First Class, Le Commencement), banal employé de clinique, si ce n’est qu’il injecte des virus à ces patients, et sait vendre son matériel. Semblant aussi attaqué que ses clients, revendant sur le marché noir la marchandise de sa société en s’injectant lui même des virus, il nous paraît constamment malade, affaiblit, mais prêt à tout pour s’en sortir. On en vient rapidement à se demander sa véritable motivation : l’appât du gain, survivre dans la société d’aujourd’hui, ou est-il tout simplement animé secrètement par la même fascination malsaine pour les stars, comme ses clients ? Caleb Landry Jones nous livre une très belle prestation. A ses côtés, on trouve Joe Pingue (Drive, Dream House) et James Cade dans des personnages pas tout à fait recommandables.

Une fois les règles posées, Brandon Cronenberg met alors plusieurs événements dans les pattes de son personnage principal, pour l’emmener vers de nouveaux horizons. Syd s’aperçoit que les gens pour qui il travaille ne sont peut être pas si sympathiques que ça envers lui (comme toujours hein), et que l’étaux se resserre dans sa société envers le piratage, un de ses collègues ayant été arrêté pour les mêmes actions illégales auxquelles il se livre. Mais c’est bel et bien l’arrivée de la star Hannah Geist dans le métrage qui va changer toute la donne, révéler chaque personnage au grand jour et permettre au réalisateur d’expérimenter un peu plus et d’aller plus loin dans son traitement. Hannah, c’est Sarah Gadon, connaisseuse du cinéma de Cronenberg pour avoir jouée dans ses deux derniers métrages (A Dangerous Method et Cosmopolis), malade. En s’injectant sa maladie afin de la revendre, Syd ne se doute pas encore qu’il se met dans le pétrin. Des hommes viennent régulièrement sonner chez lui, son « second » employeur commence à révéler ses intentions, et Syd passe de l’autre côté du miroir, en étant infecté par une maladie mortelle modifiée par l’homme. Le film se fait alors plus glauque, encore plus pesant, mais toujours si bien filmé et écrit (si on adhère encore une fois à l’ambiance et au rythme lent). Le réalisateur se permet même quelques hallucinations dignes d’un Tetsuo, introduit de nouveaux personnages bien ambigus comme il faut (dont le vétéran Malcolm McDowell, dont la carrière a eu un petit coup de boost depuis le remake de Halloween en 2007) et nous montre l’envers du décor et jusqu’où la société d’aujourd’hui. Bien entendu, son film n’est pas parfait, et malgré un propos et une mise en scène étonnante, son métrage souffre de quelques longueurs, rattrapées par un final de haute volée, ramenant encore une fois le film à une thématique provenant purement du cinéma de David Cronenberg, à ses débuts.

Les plus

Une belle mise en scène
Sombre, pesant, glauque
Un propos original et prenant
De très bons acteurs

Les moins

Quelques petites longueurs

En bref : Brandon Cronenberg prouve qu’il a du talent en signant un premier film troublant et pesant, pas dénué de défauts, mais suffisamment prenant et original pour passionner.

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