SHIELD OF STRAW (藁の楯) de Miike Takashi (2013)

SHIELD OF STRAW

Titre original : Wara No Tate – 藁の楯
2013 – Japon
Genre : Policier
Durée : 2h05
Réalisation : Miike Takashi
Musique : Endô Kôji
Scénario : Hayashi Tamio d’après le roman de Kiuchi Kazuhiro

Avec Osawa Takao, Matsushima Nanako, Fujiwara Tatsuya, Ibu Masatô, Yo Kimiko et Yamazaki Tsutomu

Synopsis : Lorsqu’une petite fille est retrouvée morte, son grand-père, riche, promet une fortune à celui qui abattra le meurtrier. Recherché par tout le monde, il n’a d’autre choix que de se livrer à la police de la région de Fukuoka pour rester en vie. Plusieurs policiers vont alors être chargés d’amener le meurtrier à la capitale, en vie…

Je ne me répéterais jamais assez, le cinéma de Miike, ce n’est plus ce que c’était. Après le cinéma fou et fauché qui fut souvent sa réputation, l’homme se tourna vers des films commerciaux à gros budgets, la plupart du temps, des adaptations de manga (Crows Zero), de romans (Lesson of the Evil) ou des remakes (13 Assassins, Hara-Kiri). Shield of Straw, son dernier film, est une nouvelle fois l’adaptation d’un livre, et n’est pas précédé d’une bonne réputation, après un passage peu remarqué et surtout critiqué au festival de Cannes. De quoi attirer ma curiosité, tant les films décriés du festival s’avèrent souvent d’excellentes surprises (Irréversible, Enter The Void, Cosmopolis ou encore Only God Forgives cette année). 2h05 après le lancement du film, le verdict tombe ! Et oui, au final, Miike nous a encore fait un pétard mouillé, alors que son film précédent, Lesson of the Evil, annonçait une remontée. Il n’en est malheureusement rien. Miike nous plonge ici dans un thriller où plusieurs flics vont devoir protéger un meurtrier pour l’emmener à la capitale. Seulement le père d’une des victimes met un prix sur la tête du meurtrier, et c’est toute la population du Japon qui en a après lui. Sur cette idée simple mais efficace, qui aurait pu donner un produit fun, rythmé, et surtout fou, Miike se plante sur toute la ligne, dans un premier temps, la faute à des personnages pas ou peu travaillés. Les deux policiers principaux, joués par Osawa Takao (Aragami, Sky High, Ichi) et Matsushima Nanako (Ring, et un bon paquet de drama sans vraiment d’intérêt) ne sont pas des personnages franchement développés, et franchement attachants. Ils seront prêts à tout pour protéger un meurtrier, car c’est leur mission, et c’est tout.

Le meurtrier justement, parlons en. Joué par le bon Fujiwara Tatsuya (Battle Royale, Death Note, Parade, Kaiji) n’est pas très crédible, et à de nombreuses occasions, bien qu’il soit l’élément déclencheur et surtout le plus important du récit, il passe parfois en second plan, comme s’il ne pouvait rien aux différents éléments, se faisant ainsi passer pour une victime. Les personnages ne sont donc pas le gros point fort du film, loin de là, mais on pouvait toujours espérer assister à un spectacle fun et rythmé. Déception encore une fois, puisque par moment, le film va se traîner en longueur, en s’engouffrant dans des situations pour le moins répétitives. Nos personnages prennent le bus, et quelqu’un tente de les attaquer. Puis ce sera le train. Puis la voiture. Le scénario ne cherche jamais franchement à évoluer de son point de départ, et c’est avec un regard plutôt ennuyé que l’on suit le long spectacle. Pour autant, malgré toutes les critiques incendiaires, tout n’est pas à jeter dans le métrage. Miike prouve, comme toujours, qu’il sait tenir une caméra et offrir un spectacle qui tient debout, du moins, visuellement. Oui, c’est travaillé, les plans sont beaux et bien éclairés, certains plans sont peut-être même impressionnants, mais ça ne suffit pas. Bien entendu, oui, certaines scènes seront captivantes, voir même par moment, intéressantes, bien que hésitantes voir bâclées.

La scène sur le quai de la gare promet quelques bons moments, mais ne marche jamais pleinement, la faute à des acteurs qui ne jouent pas franchement très bien. D’ailleurs, finalement, seul Osawa Takao sort son épingle du jeu lors de quelques scènes, notamment lors de ses confrontations avec Fujiwara Tatsuya, qui permettent de faire enfin monter un peu la sauce, bien que tardivement. Le plus gros soucis du métrage est bel et bien son scénario, parfois répétitif, souvent peu subtil, préférant gâcher ses bonnes idées, et c’est bien dommage. Car du potentiel, il y en avait, et on arrive par moment à en apercevoir au détour de quelques scènes. On a souvent l’impression que ce qu’il manque au métrage, c’est un vrai regard sur son histoire. Miike filme, correctement certes, mais semble rester hermétique à son histoire et à ses personnages (bon, pour les personnages, on peut le comprendre), comme s’il filmait avec une certaine distance, sans vouloir s’impliquer. C’est la désagréable sensation que l’on a en regardant ce divertissement, dont tout n’est pas à jeter, mais dont nous sortons amèrement déçus.

Les plus

Osawa Takao et Fujiwara Tatsuya, de bons acteurs au départ
Quelques bonnes séquences

Les moins

De gros soucis d’écriture
Vite répétitif

En bref : Shield of Straw n’est pas une réussite. Si quelques scènes sortent du lot, l’ensemble souffre de beaucoup trop de faiblesses pour remporter l’adhésion.

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