ROBOGEISHA (ロボゲイシャ) de Iguchi Noboru (2009)

ROBOGEISHA

Titre original : ロボゲイシャ
2009 – Japon
Genre : Science Fiction
Durée : 1h41
Réalisation : Iguchi Noboru
Musique : Fukuda Yasuhiko
Scénario : Iguchi Noboru

Avec Kiguchi Aya, Hasabe Hitomi, Asami et Izumi Cay

Synopsis : Deux sœurs, Yoshie et Kikue, qui ne s’entendent pas à merveille, et dont l’une doit devenir geisha, sont capturées par une organisation à priori normale, qui développe des armes secrètes en réalité. Entraînées, puis robotisées afin d’être envoyées en mission comme geisha assassinent, la dualité entre les deux sœurs persiste.

Iguchi Noboru est bien connu du spectateur occidental. Son film The Machine Girl a fait beaucoup parler de lui, alors qu’il se révélait juste sympathique. Son nouveau film, RoboGeisha, est produit dans les mêmes conditions que The Machine Girl, dans l’optique de viser le marché international. On est donc encore une fois en droit d’attendre un spectacle alternant sérieux et comédie, furieusement sanglant, à défaut d’être génial et inoubliable. Malheureusement pour lui, et pour nous, pauvres spectateurs, Iguchi rate presque totalement son film. Presque car heureusement quelques passages sortent du lot, mais ne feront pas de RoboGeisha un bon film. Comme toujours chez Iguchi, une scène d’introduction, ici de dix minutes, nous met dans le bain, histoire de nous rassurer (ou de nous faire fuir si on tombe par hasard sur le film) sur le contenu, le fond, et la forme du métrage. La scène d’introduction se révèlera donc plus que divertissante, avec quelques effets sanglants, des jeunes filles, des combats, des robots, de l’humour, quelques plans de caméras bien trouvés (pour du Iguchi bien entendu). Iguchi, fidèle à sa réputation, n’a pas envie de nous livrer son chef d’œuvre, mais de nous divertir. Nous sommes en confiance, RoboGeisha commence bien, nous revenons en arrière pour comprendre l’histoire. Malheureusement, notre enthousiasme retombe très, mais alors très rapidement. Le réalisateur, en nous livrant ce prologue réjouissant, nous a carrément menti sur la marchandise. Le sang sera très rare, les effets numériques tout simplement ratés très nombreux, l’histoire pas passionnante, le film long, et pour ne pas aider, la mise en scène ne donnera pas un rythme convainquant à l’ensemble pour nous faire passer un bon moment. Un comble.

Pire, le film va souvent se fourvoyer dans un humour des plus débiles (ça, on s’y attendait, et on le voulait), mais qui fait rarement mouche (ça par contre, ça fait plus mal) ! Soyons clair, les 45 premières minutes du film ne seront pas passionnantes, mais seront pourtant les plus réussies du métrage. Iguchi nous présente les deux sœurs du métrage, Yoshie (très charmante Kiguchi Aya) et Kikue, qui s’entraînent pour devenir geishas. Les deux sœurs ont une relation particulière, tour à tour elles se haïssent ou éprouvent de la compassion pour l’autre. Dans les mains d’un autre réalisateur, ça aurait pu être pertinent, mais Iguchi joue à répétition sur cet élément, jusqu’à écœurement dans le final. Quelques passages comiques dans cette première partie font tout de même sourire, et rapidement, les deux sœurs sont capturées pour être entrainées, puis ensuite en partie robotisées, afin d’accomplir dans un premier temps des missions d’assassinat. Iguchi aime bien les entraînements, puisqu’il filmera ici l’entraînement des geishas assassines de la même manière que celui de The Machine Girl ou que dans Mutant Girls Squad (sans doute son meilleur film niveau délire, bien que coréalisé, avec Tomie Unlimited). Toute cette partie s’avère ici assez plate et longue, le film ne comptant pas dans ses atouts une bonne gestion du rythme. Quand les deux sœurs commencent à être robotisées, ça décolle heureusement un peu, malgré la présence d’effets numériques pas franchement réalistes, ni même réussis. Arrive enfin la première mission des geishas, et là, on se dit que ça décolle à fond, tant la scène fait plaisir à voir. De l’action, quelques effusions de sang et effets spéciaux réussis (signés par Nishimura), des coups qui font mal (le katana dans le derrière). Bref, le film se réveille, et réveille le spectateur par la même occasion. Malheureusement, on aurait préféré resté endormi face au spectacle qui va suivre.

Car possédant un concept qui pourrait amener un spectacle bien fun, à défaut de posséder une réflexion intéressante derrière, Iguchi tue lui-même son métrage en amenant son histoire dans un mélodrama entre des parents et grands parents voulant libérer leurs enfants capturés et transformés en robots geishas. Pour enfoncer le bouchon plus loin, Yoshie va se rendre compte que finalement, ses missions ne sont pas dans le but d’aider l’humanité, mais de la détruire, et va donc se retourner contre ses employeurs, et devra affronter sa sœur (la fameuse dualité et le rapport haine/compassion dont je parlais plus tôt). On pourrait se dire : pourquoi pas ? Façon de nous montrer que le système nous entube. Mais non, car Iguchi va vraiment partir à fond dans le drame, et nous offrir une pluie d’effets numériques ridicules pour des situations qui le sont tout autant : château qui se transforme en bonhomme qui marche et explose des bâtiments dans des jets de sang numérique, notre fameuse Yoshie qui se transforme en geisha tank et va traverser l’autoroute et rouler sur les murs des immeubles. Tout cela fait mal aux yeux, la direction artistique du métrage n’aidant pas également, faisant preuve parfois de mauvais goût. L’humour prend le dessus par moment, mais ne fera jamais mouche… Pire, ce qu’on attendait d’un tel métrage se révèle finalement quasi absent. Et il est où le sang bordel ? Iguchi nous arnaque, nous proposant un spectacle bien trop propre sur lui, chiant par moment, ridicule à d’autres, au final totalement bâclé. On en sauvera l’introduction, et certains passages trop rares, comme la première mission des deux sœurs, ou quelques notes d’humour dans la toute première partie du métrage. Insuffisant.

Les plus

L’introduction
Quelques moments dans la première partie

Les moins

Le numérique qui fait très mal aux yeux
Pas passionnant
Rythme très mal géré
Pas drôle
 

En bref : Beaucoup de bruit pour rien, Robogeisha est lent, long, trop long, pas franchement sanglant ni drôle non plus, et fait la part belle à des effets numériques juste mauvais. Quelques passages à sauver malgré tout.

2 réflexions sur « ROBOGEISHA (ロボゲイシャ) de Iguchi Noboru (2009) »

  1. En effet, il y a beaucoup trop de numérique dans ce film. Il est sympathique mais comme toi, ce n’est pas mon préferé de Iguchi Noboru !
    Et c’est clair ! où est le sang qui gicle comme d’habitude ? pshit pshit pshiiiiiiiiiiiiiiiiiiiit
    Un peu trop soft, c’est dommage.

    1. Ben surtout, il y a tellement peu de sang que limite, il fait tâche dans le film, il n’a pas sa place. On sent que Iguchi a voulu faire une farce plus « tout public » que d’habitude, mais ça fonctionne pas.

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