SOUTHLAND TALES de Richard Kelly (2006)

SOUTHLAND TALES

Titre original : Southland Tales
2006 – Etats Unis
Genre : Science Fiction
Durée : 2h24
Réalisation : Richard Kelly
Musique : Moby
Scénario : Richard Kelly

Avec Dwayne Johnson, Sarah Michelle Gellar, Sean William Scott, Kevin Smith, Beth Grant, Janeane Garofalo, Mandy Moore, Christophe Lambert, Holmes Osborne, Miranda Richardson et Justin Timberlake

Synopsis : 2008, Californie. Une attaque nucléaire surprise a précipité l’Amérique dans la guerre. Pour répondre à la pénurie de carburant, la compagnie US-ident élabore un générateur d’énergie inépuisable, qui fonctionne sur les flux de l’Océan mais altère imperceptiblement la rotation de la Terre. Bientôt, la réalité s’en trouve bouleversée, en particulier les vies de l’acteur d’action amnésique Boxer Santaros, de l’ex-star du X Krysta Now et des frères jumeaux Roland et Ronald Taverner, dont le destin se confond avec celui de l’humanité toute entière…

Richard Kelly, après son premier film en 2001, qui n’était nul autre que le chef d’œuvre Donnie Darko, avait tout ce qu’il lui fallait. Une bonne réputation, la confiance des studios, un chef d’œuvre derrière lui. C’est en 2005 qu’il commence le tournage de son nouveau projet : Southland Tales, réunissant un casting pour le moins surprenant : Dwayne « The Rock » Johnson dans le rôle d’un acteur amnésique, Sarah « Buffy » Michelle Gellar dans le rôle d’une ex star du porno et Sean « American Pie » William Scott pour les rôles de deux jumeaux, et des seconds rôles nombreux et savoureux, et tout aussi inattendus, allant de Mandy Moore à Justin Timberlake en passant par Christophe Lambert. Le film sera alors présenté au festival de Cannes de 2006, et reçu un accueil glacial, l’œuvre étant considérée brouillonne, trop longue (2h40), parfois incompréhensible et immature. Tout l’inverse de Donnie Darko. Le film reparti alors pendant un an avec son réalisateur en salle de montage. Comment toute la crédibilité d’un réalisateur peut-elle s’écouler en un instant ? CANNES ! Entièrement remonté, c’est le 9 novembre 2007 que le film fit alors son apparition sur les écrans américains, dans un tout nouveau montage de 2h24. À l’arrivée, on se prend une grosse claque, tant le film est varié, traite de différents sujets, les acteurs sont tous à contre-emploi, tout le monde manipule tout le monde, la fin du monde approche, la réalité rejoint la fiction, et l’œuvre s’avère beaucoup plus mature et complexe que ne l’était Donnie Darko, tout en faisant preuve la plupart du temps d’un humour bon enfant.

Tout commence par une sorte de vidéo de vacances. C’est une fête, les gens boivent, rigolent. Nous sommes en 2005, tout va pour le mieux, jusqu’à une attaque nucléaire au Texas. Après cet évènement, nous sommes invités à suivre via différents écrans de télévisions l’avancement de la situation mondiale, de la troisième guerre mondiale, de fin 2005 à Mi-2008. L’histoire commence véritablement, nous sommes en 2008, et bien que beaucoup de choses semblent futuristiques, le futur n’est pas si différent de notre monde actuel, avec les élections qui auront lieu l’année qui vient, la manque de liberté. Une voix off nous guide, celle de Justin Timberlake, et nous présente l’aventure qui nous attend : nous allons suivre le parcours de Boxer Santoros. Ce jeune homme, joué par Dwayne Johnson, est un acteur, amnésique, qui avait disparu en plein désert du Texas. Là, il se réveille sur la plage, à Los Angeles. Avec Krysta Now, une ex-star du porno se reconvertissant dans des shows télévisés, il a écrit un scénario racontant la fin du monde à travers les yeux d’un flic de Los Angeles, paranoïaque schizophrène ayant un don. À entendre Santoros expliquer son personnage, de vagues souvenirs du précédent film de Kelly nous viennent à l’esprit, comme si le personnage que l’on nous décrit, il s’agissait de Donnie Darko. La ressemblance avec l’œuvre s’arrêtera en partie là, même si les deux films racontent la fin du monde, et finalement, nous racontent l’histoire d’une faille dans le continuum espace-temps. Pour pouvoir atteindre un niveau de réalisme dans son histoire (celle du film que Santoros veut tourner, pas le film en question), au niveau de son interprétation future et de sa réalisation, vu qu’il compte également le réaliser, Santoros va demander à un flic de l’emmener en patrouille. Ce flic, ce sera Roland, mais les choses se compliquent, puisque Roland est manipulé pour un groupe politique, et que son frère jumeau, Ronald, est retenu en otage.

Le film va alors se transformer en chassé-croisé politique et militaire. Nous ne vivons plus dans un monde sûr, nous sommes sur écoute en permanence, nous sommes filmés, des gardes sont sur les toits des immeubles armés de fusils plutôt sophistiqués avec une très longue vue. Tout le monde va servir ses propres intérêts, et ce ne sera pas toujours facile de différencier les enjeux de chacun dés la première vision du métrage, voir même la seconde, tant celle-ci se fait dense (parfois trop, entraînant quelques longueurs). Une chose est sûre : la fin du monde approche. La faute à un nouveau générateur d’énergie canalisant le flux de l’océan, et empêchant par la même occasion la rotation de la Terre. Aucun doute à ce sujet, la politique de l’Amérique en prend un sacré coup, et les personnages au pouvoir ne sont pas tout roses. Chacun agira pour lui, et Santoros se retrouvera vite perdu, d’autant plus qu’il sort d’une amnésie, et que son passé va refaire surface au fur et à mesure de l’avancée de cette longue et tortueuse histoire. Les choses ne sont jamais ce qu’elles semblent être, et le spectateur n’a pas fini d’être surpris, entre l’histoire complexe, les personnages savoureux évoluant dans cette histoire sérieuse et pourtant entrecoupée d’humour, et les différents personnages secondaires. Parmi eux, on trouvera Justin Timberlake en vétéran de la guerre d’Iraq, passant maintenant son temps au bord de la plage avec son fusil, Holmes Osborne (qui jouait le père de Donnie Darko) en sénateur, mais également la chanteuse Mandy Moore en épouse de Santoros et fille du sénateur et Christophe Lambert en dealer. Mais fournir une œuvre aussi dense et complexe de 2h24 était un pari très risqué, que Richard Kelly parvient avec brio à relever, grâce à une maîtrise de la mise en scène, du montage, et des émotions que celui-ci véhicule, ainsi que des notes d’humour fort bienvenues. Ainsi, en plein contexte sérieux, voir même par moment dramatique, le film nous montrera une publicité ou deux voitures s’accouplent et y prennent beaucoup de plaisir, ou une femme menaçant de se suicider demandant à Santoros de baisser son pantalon en pleine rue pour que celle-ci puisse lui faire une fellation. Southland tales se révèle donc une œuvre réfléchie et intelligente, dont tous les secrets ne se révéleront pas d’eux même à la première vision. On n’échappera pas à certains défauts, à force de vouloir en faire trop cependant, certains moments paraissant un peu longuet, et d’autres un peu brouillons. Divertissement, œuvre politique, comédie musicale, science fiction, anticipation, drame, tout est là, avec un casting surprenant. L’œuvre pourra parfois se révéler un peu brouillonne, mais étrangement, c’est cela qui lui donnera tout son charme.

Les plus

Un film passionnant et ambitieux
La musique de Moby
Les différents acteurs souvent à contre-emploi
Des moments très drôles
Le magnifique final

Les moins

Quelques longueurs ou erreurs

En bref : Un film extrêmement ambitieux dans sa construction, son histoire, et ses différents personnages. Le fond politique et ce jeu de manipulation est intéressant, d’autant plus que l’émotion est présente. La bande son signée par Moby continue de prolonger le plaisir. Une œuvre inoubliable dont il faudra plusieurs visions pour en percer les différents mystères, si l’on adhère.

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