TETSUO (鉄男: Tetsuo) de Tsukamoto Shinya (1989)

TETSUO

Titre original : Tetsuo : The Iron Man – 鉄男: Tetsuo
1989 – Japon
Genre : Cyber Punk
Durée : 1h07
Réalisation : Tsukamoto Shinya
Musique : Ishikawa Chu
Scénario : Tsukamoto Shinya

Avec Taguchi Tomorowo, Fujiwara Kei, Tsukamoto Shinya et Kanaoka Nobu

Synopsis : Apres un accident d’automobile dans lequel un homme en renverse un autre, le conducteur voit son corps changer petit à petit, ramassant tous les déchets en métal de la société.

Tsukamoto est un génie. Sans s’emballer, il a en quelque sorte renouvelé le cinéma asiatique à une période assez creuse, la fin des années 80. Cela faisait plusieurs années que rien de vraiment neuf ne s’était fait, et c’est là qu’arrive le premier Tetsuo, premier long (moyen ?) métrage de Tsukamoto après plusieurs courts métrages, dont l’intriguant et assez proche de Tetsuo: Denchu Kozo. Les deux films possèdent la même hystérie et le même thème principal: le métal. Sans vraiment d’histoire directrice, et sans vouloir éclaircir son sujet pour rendre le film accessible, Tsukamoto tourne en deux ans Tetsuo, qu’il finira pratiquement seul. Où se situe Tetsuo dans le paysage cinématographique ? On ne sait pas vraiment en fait. Le film peut se rapprocher par ses expérimentations étranges et par son noir et blanc granuleux du plus bel effet du premier film de Lynch, Eraserhead. Mais Tsukamoto est avant tout un réalisateur underground de génie, qui adore travailler le visuel de ses films, et l’ambiance sonore. Ainsi, si on ne peut donner qu’un seul conseil pour regarder Tetsuo dans de bonnes conditions, c’est bien le conseil donné par le maître lui-même: se rapprocher de l’écran et mettre le son à fond.

Donc, de quoi parle Tetsuo ? D’un homme fusionnant avec le métal. Rien de bien original dans son histoire, si ce n’est que celle-ci restera floue tout le long du métrage, et surtout, que Tsukamoto passe un message à l’opposé des autres films sur les transformations physiques. Si en général au cinéma, les transformations sont un défauts de la nature, une expérience qui tourne mal, chez Tsukamoto, c’est différent, c’est une évolution naturelle, et c’est le chemin à prendre. Le monde a besoin de changement, et le monde doit changer. Tsukamoto filmera les différents objets métalliques, que ce soit les transformations du personnage, les voitures… avec un génie certain, mais on pourra même dire un certain amour, une sensualité. Pour cela, il n’hésitera pas à mettre tout dans son film, et à passer par tout. On pourra très bien rire d’une scène ou d’un plan, et être dégouté au suivant, puis fasciné. Et ce dés le début. Après le générique, assez hypnotisant, notamment grâce à la musique de Ishikawa Chu, très industrielle (on ne pouvait pas trouver mieux pour le film), on entre rapidement dans le vif du sujet. Notre personnage principal se retrouve dans une gare. Il est assit à côté d’une femme, apercevant au sol un mélange de chair et de métal. Elle s’en approche, et le touche, finissant par être possédée par l’esprit d’un fétichiste du métal, incarné par Tsukamoto lui même (il tient pratiquement tous les postes sur son film). Une course poursuite dans la gare va suivre, hystérique, sanglante, filmée en accéléré, cadrage très sérrés. Tsukamoto ira beaucoup plus loin en filmant une très grande partie de son film en image par image. Choix judicieux, mais pourtant, qu’il fallait oser. Tsukamoto ne recule vraiment devant rien, en insérant des images cauchemardesques pouvant sortir d’un écrit de Clive Barker, où une femme possédant un pénis en métal s’excite sur le personnage principal.

Mais tout ceci n’est rien face à ce qui attend le spectateur au fur et à mesure des très courtes 1h07 du film. Si Tetsuo ne plaira pas à tout le monde par ses choix de réalisation, ou même musicaux, il reste pourtant une oeuvre culte, indispensable, même unique, vous ne reverrez jamais un film ailleurs, et son influence sur le cinéma actuel est immense, le film étant adoré par des réalisateurs tels que Tarantino ou encore Darren Aronofsky, qui s’en inspirera pour certains plans de son film Pi, tourné en noir et blanc également. Que dire de plus de Tetsuo ? Un film expérimental, incroyablement déstabilisant, jouissif, unique, une bonne grosse claque comme on en reçoit beaucoup trop rarement.

Les plus

Hypnotisant
Une expérience de cinéma unique
Des moments cultes

Les moins

Il ne faut pas être épileptique c’est certain 

En bref : Barré, génial, hypnotisant, Tetsuo est une oeuvre unique, sauvage et brute. A regarder sur grand écran, les enceintes à fond.

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