LA BAIE SANGLANTE (Reazione A Catena) de Mario Bava (1971)

LA BAIE SANGLANTE

Titre original : Reazione A Catena
1971 – Italie
Genre : Slasher
Durée : 1h24
Réalisation : Mario Bava
Musique : Stelvio Cipriani
Scénario : Mario Bava, Giuseppe Zaccariello et Filippo Ottoni

Avec Claudine Auger, Luigi Pistilli, Claudio Camaso, Anna Maria Rosati, Chris Avram et Leopoldo Trieste

Synopsis : Frank Ventura veut transformer le manoir des Donati en un lieu touristique, mais la comtesse propriétaire des lieux et paralysée s’oppose au projet. Un soir la comtesse Federica Donati est attaquée par son mari. Dans la foulée le comte est tué et son corps dissimulé dans la baie. Un mot désespéré étant retrouvé près du cadavre, la police conclut au suicide.

Mario Bava sort d’une année 1970 bien remplie, avec L’île de l’épouvante et Une Hache pour La Lune de Miel, deux thrillers sympathiques, et le mauvais western Roy Cold e Winchester Jack. Il faut rebondir, et au début des années 70, le giallo est à la mode. Alors que Dario Argento se lance dans la mise en scène en s’inspirant des métrages de Mario Bava (comme Six Femmes pour l’Assassin de 1964), Mario Bava décide de bousculer un peu les codes du genre pour livrer La Baie Sanglante, un métrage barbare contenant une dizaine de morts sur à peine 1h20. Résultat des courses, sans le vouloir, Mario Bava s’éloigne du giallo traditionnel et balance à l’écran tous les codes d’un nouveau genre : le slasher. Oui, dés la scène d’ouverture, Mario Bava nous trompe. La comtesse est tuée, la caméra se tourne pour nous montrer les gants du tueur (élément classique du giallo) avant de… remonter pour nous montrer son visage. Surprenant. Mais il ne s’arrête pas là, puisque l’instant d’après, le tueur est… tout simplement tué à son tour, avant que son corps ne soit jeté dans la baie, la fameuse baie du titre. Commence alors pendant 1h20 un jeu de massacre, parfois certes un peu grotesque, mais voulu ainsi, et surtout qui détourne les règles connues jusqu’alors.

Ainsi, si dans un giallo traditionnel, l’histoire se veut réaliste, les meurtres souvent au couteau ou à la main (strangulation), et la mise en scène stylisée, Mario Bava nous en livre ici l’exact opposé. L’histoire est par moment un peu grosse, les mises à mort violentes et surtout originales pour certaines, et la mise en scène se fait réaliste. En inversant tout ce que l’on connaissait, Mario Bava donne libre cours à son imagination, sans pour autant s’éloigner pleinement de son œuvre, puisque la Baie Sanglante contiendra également un peu d’humour, mais surtout un fond assez sombre, voir nihiliste (voir son final). Du giallo en tout casa, on n’a parfois l’impression qu’il ne reste plus grand-chose. Par contre, il est étonnant de voir encore aujourd’hui comment La Baie Sanglante nous balance absolument tous les codes du slasher, là où beaucoup considèrent encore Halloween et Vendredi 13 comme les premiers métrages du genre. Non, La Baie Sanglante, 7 ans avant Halloween et 9 ans avant Vendredi 13, établit déjà les règles. Les femmes se dénudant meurent vite, les couples faisant l’amour en cachette meurent aussi tout aussi vite, l’intrigue est parfois un peu tirée par les cheveux, les personnages pas forcément bien développés.

Il suffit de regarder le meurtre du couple au lit pour s’en rendre compte, puisque pile 10 ans plus tard, Steve Miner fera exactement la même scène dans le second opus de Vendredi 13. Mais au-delà de son statut de film précurseur, La Baie Sanglante survit au poids des années puisqu’il se fait rythmé, généreux, parfois original dans ces meurtres, et qu’il brouille les pistes. En mettant aux prises avec un tueur des personnages aussi variées qu’un fils illégitime, les vrais enfants du comte disparu, les voisins et même des jeunes qui passaient juste dans le coin pour s’amuser un peu (et permettre à une jolie fille de se baigner nue sans que ce soit vulgaire à l’écran), le spectateur se pose beaucoup de questions. Tout le monde peut devenir une victime potentielle, et donc tout le monde peut être le tueur également, chacun ayant à gagner de la mort des autres, comme gagner des terres par héritage, vivre en paix dans ce petit coin de paradis. Seuls les pauvres petits jeunes venus s’envoyer en l’air ne sont là que pour venir augmenter le bodycount du métrage, mais vu comment Mario Bava semble se faire plaisir, on ne lui en voudra pas ! Il se fait également plaisir pour le final, qui ne sera pas au goût de tout le monde.

Les plus

Un jeu de massacre très violent
Les bases du slasher
Un final étonnant…

Les moins

Mais un final qui ne plaira pas à tous

 
En bref : Mario Bava donne vie au slasher avec violence et cynisme. Une œuvre importante, et un très grand film !

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