THE NAKED DIRECTOR 2 (全裸監督2) de Masaharu Take et Kotaro Goto (2021)

THE NAKED DIRECTOR 2

Titre original : Zenra Kantoku 2 – 全裸監督2
2021 – Japon
Genre : Série TV
Durée : 8 épisodes de 45 minutes environ
Réalisation : Masaharu Take et Kotaro Goto
Musique : –
Scénario : Kazuhisa Kodera

Avec Yamada Takayuki, Tsunematsu Yuri, Mitsushima Shinnosuke, Tamayama Tetsuji, Morita Misato, Koyuki, Taki Pierre, Franky Lily, Kunimura Jun, Emoto Tokio, Itoh Sairi, Tomite Ami et Goto Takenori

Synopsis : Ancien vendeur d’encyclopédies en Anglais, Muranishi Toru s’est reconverti dans le milieu du X au début des années 80 au Japon, révolutionnant le milieu, se mettant à dos flics, yakuza et la concurrence dans le milieu. Après avoir créé de toute pièce la personnalité de Kuroki Kaoru, tourné à Hawai, été recherché pour plus de 7 faits différents, Muranishi continue de s’étendre, tourne plus vite que son ombre quitte à faire baisser la qualité, et a un nouvel objectif : avoir sa propre chaine de diffusion par satellite.

En 2019, la série The Naked Director était une excellente surprise, en plus d’être excellente tout court. Mélangeant habilement humour, un ton parfois plus noir, le tout sur fond d’histoire vraie, cela permettait en plus aux pauvres spectateurs occidentaux que nous étions de découvrir l’envers du décors du milieu du X au Japon, de sa censure, de ses financements et magouilles, des coups bas dans l’industrie. Et de voir donc les débuts de Muranishi Tora, son ambition, la manière dont il révolutionna le milieu, tourna avec passion, se forgea une réputation, s’entoura d’une équipe prête à le suivre partout, découvrit des talents qui vont eux aussi révolutionner le milieu, allant jusqu’à lancer Kuroki Kaoru, première réelle personnalité du milieu connue et ayant droit à des interviews à la télévision à des heures de grande écoute. Alors que cette première saison en 2019 nous montrait l’ascension folle et fulgurante de ce personnage haut en couleur joué par un génial Yamada Takayuki, il était normal de boucler la boucle, d’avoir une saison 2, car après l’ascension vient bien souvent la déchéance, la chute ! Et la série ayant été lors de sa découverte une de mes meilleures surprises de ces dernières années, il était normal que j’attende cette saison 2 avec impatience. Et après ces huit petits épisodes durant en moyenne 45 minutes, je fus séduit, heureux, convaincu, avec une saison 2 nous offrant pile ce que l’on attendait d’elle, et finalement, plus sur certains aspects, en prenant une tournure bien plus dramatique. Mais en faisant ça, elle abandonne en quelque sorte l’énergie folle qui se dégageait de la saison originale. Car oui, l’ascension, malgré les coups bas et quelques moments durs, c’est souvent quelque chose de magique, de dynamique, où les idées folles se succèdent et se concrétisent. Et cette saison 2, en nous montrant très tôt les travers et les soucis, veut nous offrir une autre dynamique. Et du coup, cette saison 2 est plus sombre, bien évidemment. Et puis, forcément, l’effet de surprise n’est plus là.

Mais oui, cette saison 2 reste excellente, et surtout, une conclusion définitive (vu qu’inspirée de la vraie vie de Muranishi). Voilà, pas de série à rallonge pour surfer sur le succès. On a l’ascension, la chute, et voilà, fin de l’histoire. Premier bon point, on retrouve l’intégralité du casting, et le tout est toujours aussi sérieusement emballé. Photographie magnifique, mise en scène travaillée digne d’un film de cinéma, on retrouve quelques thèmes musicaux de la saison 1, et le reste met toujours en avant quelques tubes bien typés années 80 et début des années 90, l’époque où se déroule cette seconde saison. Et le casting s’élargit, et est toujours aussi soigné, avec des acteurs plus qu’investis. Yamada Takayuki est à fond dans son rôle, mais les autres autour de lui, ceux que l’on retrouve, tout comme les nouveaux (forcément, il étend son empire, donc, il faut embaucher de nouvelles actrices), n’ont pas à rougir. On retrouvera même quelques nouvelles têtes bien connues, avec notamment lors de deux épisodes ce bon vieux Ishibashi Renji, que l’on a pour la plupart découvert dans le cinéma de Miike, dés 1999, avec Audition puis Dead or Alive. Mais dans l’ensemble, le casting est un sans faute, entre seconds rôles, rôles importants, et surtout, même le retour de quelques personnages secondaires qui finalement, vont petit à petit prendre de l’importance dans cette gigantesque histoire beaucoup moins drôle que ce que l’on pensait. Mitsushima Shinnosuke jouant Toshi est toujours là et son rôle va petit à petit reprendre de l’importance (anecdote, je viens d’apprendre qu’il est le frère de mon actrice préférée, Mitsushima Hikari), Taki Pierre est toujours là (et oui comme quoi, tout est possible), tout comme Franky Lily dans le rôle de ce flic pas totalement clean, ou bien entendu le grand Kunimura Jun en Yakuza. Sans oublier la sublime et talentueuse Morita Misato dans le rôle de Kuroki Kaoru.

D’ailleurs, et ceci n’est que du ressenti, mais j’ai souvent eu l’impression que The Naked Director, saison 2, montrait plus d’ambition au niveau de sa narration, et du développement de ses personnages, notamment secondaires. Muranishi, s’il est bien au centre de tout, semble être plutôt, comparé à la première saison, l’élément déclencheur qui va chambouler la vie de tout ceux qui l’entourent. Et si on lui devait clairement son ascension dans la première saison, il est ici responsable pleinement de sa chute, à lui, de sa société, mais souvent, de ceux qui l’entourent également, même quand ceux-ci le quittent pour éviter le raz de marée justement. Sauf que Muranishi est clairement le seul à rêver, à ne pas vouloir être réaliste, à vouloir toujours continuer quoi qu’il arrive, malgré toutes les mauvaises décisions. Si bien qu’autour de lui, le nombre de collaborateurs va petit à petit diminuer. Et oui, nous retrouvons le cocktail de la première saison, à savoir du sexe (normal vu le thème et le milieu), de l’humour (bien moins présent malgré tout), du drame, du Yakuza (plus présent même), des moments hallucinants, des moments durs (croyez moi, plus ça avance, plus ça devient dur). Car ici, c’est donc l’aube des années 90, et Muranishi a une idée folle : avoir sa chaine de télévision par satellite, pour distribuer du sexe aux Japonais, le faire tomber directement depuis le ciel. Ce qu’il n’avait pas prévu, c’était les coûts d’entretien, de production, tout en continuant de tourner (donc, de payer matériel et acteurs/actrices). Et de mauvaise décision en mauvaise décision, tout ira toujours plus mal. Le pire étant que lorsqu’autour de lui, ses proches font enfin les bons choix, ou parviennent à sortir de cette spirale d’ambition impossible sans fin, le passé leur rattrape, la faute à… oui, toujours les mauvaises décisions de Muranishi, qui vient un peu empoisonner son entourage.

Psychologiquement et physiquement également, cette saison 2 se montre plus violente que la première. Les tournages X sont toujours présents, mais tout a changé, là où au départ, Muranishi s’attardait sur quelques titres, toujours plus ambitieux et fous, ici, tout se tourne à la chaine, les acteurs passant d’une pièce à une autre, d’un plateau à un autre, tout s’enchaîne, il faut un maximum de titres, et Muranishi n’est pas à un scandale près, se servant de tout ce qui l’entoure pour continuer d’avoir des idées. Une histoire racontée par une de ses actrices ? Et voilà une nouvelle saga lancée qui fera un carton mais attirera les foudres du grand public sur lui. Un accident sur le tournage ? Voilà qu’un tout nouveau genre dans le milieu va être inventé. Mais Muranishi, dans son ambition, oublie quelque peu le relationnel, se mettant à dos beaucoup de monde, jusqu’à ses amis. Et ce genre d’histoires, on la connaît, on sait d’avance qu’elle ne va pas forcément bien finir, et lorsque l’on prend le temps d’apprécier tous ces personnages depuis la saison 1, forcément, certains moments paraissent bien sombres. Et puis finalement, même sans le milieu du X, ce genre d’histoires, on la connaît, elle existe dans tous les milieux, et même dans le milieu du cinéma plus traditionnel, comment ne pas voir là la même histoire que celle de la Cannon, société ambitieuse, gérée par un réalisateur fou, boulimique, tyrannique avec ses équipes, qui ne jurait que par l’art, par le cinéma, et dont ses partenaires devaient toujours tout faire pour financer tout ça… Jusqu’au point de rupture et de non retour, signifiant l’endettement, la séparation de différents partenaires, la tentative de survie quoi qu’il arrive en continuant à tourner plus que tout, malgré les regrets. En tout cas, malgré fatalement son côté prévisible, il y a bien une chose que cette saison 2 réussit plus que tout, et parvient surtout magistralement à mettre en avant, c’est sa galerie de personnages. Si Muranishi est toujours le centre du récit, les personnages qui l’entourent semble être plus approfondit, plus humain, plus touchant parfois. Les épisodes réussissent à donner de la consistance à énormément de personnages, à nous offrir de vrais bons portraits de femmes.

Là où clairement dans la première saison, une multitude de personnages venaient rejoindre Muranishi, son rêve, ses folies, et ou d’autres lui mettaient des bâtons dans les roues, on a l’impression qu’ici, chaque personnage est développé comme il se doit et existe en dehors du rattachement à Muranishi, ce qui fait d’autant plus mal quand leur passé les rattrape, la faute au bonhomme. Muranishi n’est plus présenté comme un grand rêveur (limite au grand cœur, comme dans la saison 1), mais de manière plus réaliste, moins marrant, moins aimant, moins pro parfois, et donc, sans doute bien plus proche du réel personnage. Et c’est le casting l’entourant qui a notre attention, et notre sympathie. Toshi, Kaoru, Junko, Naoko, Kosuke, Goto et quelques autres sont finalement parmi les réussites de cette saison 2, on apprend à les apprécier, on veut les voir s’en sortir. Kaoru d’ailleurs est un personnage extrêmement complexe qui aurait mérité plus de temps à l’écran encore, personnage jouant de son image, créée lors de la saison 1, par un tournage, par des circonstances, qui sera en avant dans la presse, les médias, assurera de la visibilité grand public à Muranishi, mais qui se voit écraser par les ambitions égoïstes du monsieur, et finalement, va souffrir de l’image dans laquelle elle s’est retrouvé enfermée un peu malgré elle. Et puis cette pauvre Naoko, elle n’a vraiment pas de bol, et ce depuis la saison 1, étant toujours la première à se prendre le retour de bâton (premier tournage non simulé et vidéo non censurée dans la saison 1, et bien, le périple continue pour elle). Et si Junko et Kaoku sont les premières à sembler réagir et vouloir prendre leur destin en mains, ce ne sera pas non plus si simple. Oui, on prend clairement ici le parti de l’équipe de Muranishi, plutôt que le sien, le parti de tous ceux qui ont accepté de la suivre quoi qu’il arrive. Une Saison 2 convaincante qui conclut donc parfaitement l’histoire vraie de ce révolutionnaire qui s’est perdu en cours de route dans ses folles ambitions, et a souvent entrainé les autres avec lui. Bravo ! Profitez en, je ne dis pas toujours du bien d’une production Netflix ! Donc pour conclure, car on ne me changera jamais, ce serait quand même cool une intégrale en Blu-ray non ?… Avec des bonus en plus…

Les plus

Techniquement toujours travaillé
Les acteurs, géniaux
Après la montée, la déchéance, la chute
Des moments très durs
Se dire que malgré des libertés, c’est une histoire vraie
Toujours 8 épisodes qui se bouffent vite

Les moins

Bien moins d’humour
L’énergie de la série n’est plus la même

En bref : Cette saison 2, forcément, n’a plus droit à l’effet de surprise, et en s’attardant sur la fin d’un rêve, se fait plus sombre, moins folle parfois, mais elle boucle parfaitement la boucle, surtout que l’on retrouve l’univers et ses personnages avec plaisir.

2 réflexions sur « THE NAKED DIRECTOR 2 (全裸監督2) de Masaharu Take et Kotaro Goto (2021) »

  1. Ah oui, tu as balancé le pavé là, quand même ! ^^

    « Taki Pierre est toujours là (et oui comme quoi, tout est possible) »

    Ahahah ! Comme toi ça m’a fait plaisir de revoir Pierre Taki. Toujours blacklisté par le cinéma japonais et par la télévision japonaise, la si faussement prude et tellement hypocrite télévision japonaise… Je ne suis pas un grand fan de Netflix, mais ce média (comme Amazon, etc.) ce n’est plus tout à fait la télé, pas vraiment du ciné, ça permet donc de contourner certaines règles. Et c’est bien !

    Quelle grande série. Je la reverrai avec un grand plaisir dans quelques années, je pense.

    1. Ah mais tu le savais, j’avais beaucoup de choses à dire (et puis, plus c’est long… plus je peux mettre de belles captures hahaha).

      C’est clair, je m’étais un peu posé la question d’ailleurs, car c’est vrai qu’à part là, de mémoire, je ne l’ai revu nulle part à part ici. Je me souviens de Sega qui avait carrément retiré le jeu JUDGMENT du marché pour redesigner son personnage et ré-enregistrer toutes ces voix par un autre acteur.

      C’est un peu ce que je dis vis-à-vis d’Amazon et Netflix dans ma future chronique de TOKYO VAMPIRE HOTEL. EN gros je dis que le produit n’est pas parfait, mais que ça permet à certains de s’exprimer à fond, que les règles sont un peu différentes, que l’on aime ou pas, et que dans le fond, c’est nécessaire. Refn lui-même disait d’ailleurs de sa série pour Amazon que c’était différent d’une série car ce ne n’est pas de la télévision, et qu’il a pu faire des choses qu’il ne peut pas d’habitude car ce n’est pas du cinéma non plus. C’est entre les deux, on ne sait pas encore trop quoi, mais bon.

      Bref, vive Muranishi !!!! Enfin, non, vive plutôt tous les autres 😀

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