MAY THE DEVIL TAKE YOU (Sebelum Iblis Menjemput) de Timo Tjahjanto (2018)

MAY THE DEVIL TAKE YOU

Titre original : Sebelum Iblis Menjemput
2018 – Indonésie
Genre : Fantastique
Durée : 1h50
Réalisation : Timo Tjahjanto
Musique : Fajar Yuskemal

Scénario : Timo Tjahjanto

Avec Chelsea Islan, Pevita Pearce, Ray Sahetapy, Karina Suwandhi, Samo Rafael, Hadijah Shabab et Ruth Marini

Synopsis : Alfie retrouve sa famille avec qui elle a des relations conflictuelles, à l’occasion de l’hospitalisation de son père. Rapidement rejointe par sa belle famille, elle se rend dans une vieille bâtisse familiale isolée en forêt, où les vieux secrets vont refaire surface.

Lorsque je disais que le cinéma Indonésien n’était pas ma tasse de thé, j’avais bien précisé que néanmoins, certains réalisateurs clairement en avant, eux, me passionnaient. Et ça tombe bien, puisque dans mon exploration du cinéma Indonésien, et bien les réalisateurs de Killers, Headshot et compagnie, ils n’ont pas chomés, oh loin de là. Il a suffit de laisser leur cinéma de côté passé l’énorme The Night Comes for Us sur Netflix pour que les films à voir s’accumulent. Timo Tjahjanto par exemple, aura continué sa vie avec Netflix, seulement comme distributeur je le précise, en signant en 2018 ce May the Devil Take You qui nous intéresse, au succès d’estime du moins puisqu’en 2020, un second opus a été produit, et qu’un troisième film est prévu pour 2022, rien que ça. Mais ce n’est pas tout, puisque s’il avait signé l’énorme segment Indonésien pour V/H/S/2 en 2013, il est de retour cette année pour V/H/S/94, me donnant donc une bonne raison de me pencher sur ce film. Mais revenons donc à nos moutons avec May The Devil Take You, premier opus d’une trilogie donc, ayant pour but de rendre hommage à une certaine catégorie de films du genre horrifique, celui de la cabane hantée au milieu des bois. On pense bien évidemment à Evil Dead de Sam Raimi, et après la vision du métrage, oui, l’hommage est par moment appuyé, mais également sincère, on sent que Timo Tjahjanto aime le genre, aime le film de Raimi, et veut mélanger cette influence majeure avec quelques éléments du folklore de son pays afin de livrer un hommage respectueux qui peut parler au plus grand nombre, et apparemment, ça a fonctionné, sinon les suites n’existeraient pas. Après la classique scène d’introduction qui nous met dans le bain, l’intrigue reprend des années plus tard. Alfie a une vie de famille plutôt compliquée, son père étant riche, s’était remarié, la belle famille ne l’aimant pas, mais c’est réciproque donc tout va bien (façon de parler). Mais tout ce bon monde va se retrouver dans la vieille cabane familiale puisque le père se retrouve atteint d’une maladie étrange, cloué sur son lit d’hôpital. De quoi donc réunir la famille puisqu’il est question d’héritage, de secrets de famille, de tension, auquel vient donc s’ajouter un élément extérieur, l’élément surnaturel.

Car on nous le dit d’entrée de jeu dans la scène d’ouverture, le père a passé un pacte pour avoir sa richesse, et il est temps d’en payer le prix, et comme il n’a pas franchement l’air motivé à cette idée, c’est donc la famille qui va devoir payer la prix. Possessions, meurtres graphiques, giclées de sang XXL, impossibilité de quitter les bois, joutes verbales entre les différents membres de la famille, dont on reconnaîtra quelques acteurs (la petite fille qui jouait déjà dans The Night Comes for Us). Rien de neuf sous le soleil vous me direz, mais une véritable envie de faire du bis qui tâche, et surtout de soigner sa copie. Timo Tjahjanto ne signe pas un scénario exceptionnel, loin de là, mais soigne sa mise en image, ses cadrages, ses jeux d’ombres, sa photographie. On peut toujours trouver quelques plans qui font plaisir à la rétine, quelques petites trouvailles sympathiques, ou encore mieux, quelques effets qui fonctionnent et qui sont clairement soignés, voir parfois ingénieusement filmés. Car on devine très facilement le budget pas forcément bien élevé de la bobine, à de nombreuses reprises, mais le réalisateur profite par moment de ce manque de budget pour avoir recours à quelques idées bien vues, comme cette décapitation vaudou jouant sur la mise au point et la profondeur de champ pour éviter à l’effet de paraître cheap. Et ça, c’est très bien, ça témoigne d’un réel savoir faire de la part du réalisateur, qui veut livrer un film d’horreur sérieux sans pour autant verser continuellement dans le grand guignol, et sans partir vers la facilité, l’humour donc. En tant que série B donc, May the Devil Take You fait assurément le boulot, même si on pourra lui trouver des défauts, évidemment. En premier lieu, son côté hommage fait de son récit un récit assez prévisible, où les surprises ne sont pas nombreuses. Bien entendu, mieux vaut parfois rester dans le classique plutôt que de suivre la mode actuelle qui cherche à surprendre en dépit du bon sens.

Ceci dit, si le récit est classique, le réalisateur insère clairement quelques designs et petits éléments venant typiquement de son pays. Et si je n’ai pas toujours adhéré à ces éléments, je dois bien le reconnaître, et bien malgré tout, ça apporte une certaine personnalité au métrage. Par contre, le point sur lequel on sera je pense tous d’accord, c’est que May the Devil Take You, bien qu’il soit très soigné, très agréable à suivre, et possède quelques moments forts, souffre de quelques longueurs. 1h50 pour un simple film de cabane maléfique dans lequel les personnages se comptent sur les doigts d’une main, c’est rapidement un peu limité. Voir ça tourne un peu en rond même. Un peu comme les personnages dans cette cabane pas si grande. Une durée un peu plus concise de 1h30 seulement aurait sans doute fait du bien au film. Qui encore une fois, n’est pas mauvais, plaira aux amateurs du genre, et rend un vibrant hommage au genre en faisant tout ça à l’ancienne, et en se permettant même un petit hommage ni vu ni connu à Phenomena de maître Argento (pseudo piscine, boue, cadavres, héroïne dedans, voilà). Les avis sur la suite paraissant en tout cas finalement meilleurs, il me tarde de mettre mes yeux dessus, afin de voir si débarrassé de ses influences, la folie prend le dessus sur le métrage. Mais oui, pour les amateurs du genre, ceux qui en ont marre de voir des monstres en CGI dans tous les coins, ceux qui veulent revenir des années en arrière dans une cabane dans les bois superbement éclairée, le métrage est une bonne pioche, et on passera un bon moment devant, sans jamais être surpris, mais pas grave. Si cela est le point de départ d’une trilogie furieuse, je dis oui !

Les plus

Quelques très sympathiques idées de mise en scène
Une ambiance sombre et réussie
Sanglant, et avec peu de CGI
La photographie, classe

Les moins

Scénario hommage, et donc peu surprenant
Un poil trop long

En bref : Hommage évident à Evil Dead de Sam Raimi, le film de Timo Tjahjanto plaira aux amateurs, de par sa générosité, mais également le sérieux général de l’entreprise. C’est bien filmé, très bien éclairé, les acteurs donnent de leur personne, le gore est fait à l’ancienne. Un poil trop long pour ce que ça raconte, mais ça fait plaisir.

2 réflexions sur « MAY THE DEVIL TAKE YOU (Sebelum Iblis Menjemput) de Timo Tjahjanto (2018) »

  1. Enfin vu ! J’ai adoré ! Génial de bout en bout pour moi c’est du 18/20, pas beaucoup de films du même genre qui lui arrivent à la cheville récemment, non ? Quel hommage à EVIL DEAD ! C’est sincère comme tu dis, ce n’est pas du pillage, c’est bien retranscrit avec du folklore indonésien, etc. Superbe ! Une ou deux petites incohérences peut-être (des gens qui crient au rez-de-chaussée et on ne les entend pas à l’étage, laisser la petite fille dormir toute seule alors qu’on sait qu’un esprit rode, etc.), mais bon allez, hop, ça passe. Super ! Quel pied (coupé) !

    1. Et voilà, je t’avais dis 😉 Et ça me rassure aussi de conseiller des films qui sont appréciés. Tu n’as plus qu’à foncer sur sa suite qui est du même niveau, avec la même équipe. Elle aussi a quelques petites facilités scénaristiques, mais le reste autour te les fait vite oublier. Voilà tellement que j’ai rajouté un point au film là, Timo le mérite, surtout vu la vitesse il enchaîne les métrages alors que les tournages ne doivent pas être si simples.

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