48 HEURES DE PLUS (Another 48 Hrs.) de Walter Hill (1990)

48 HEURES DE PLUS

Titre Original : Another 48 Hrs.
1990 – Etats Unis
Genre : Comédie Policière
Durée : 1h35
Réalisation : Walter Hill
Musique : James Horner
Scénario : John Fasano, Jeb Stuart et Larry Gross

Avec Avec Eddie Murphy, Nick Nolte, Brion James, Kevin Tighe, Ed O’Ross, David Anthony Marshall, Andrew Divoff et Bernie Casey

Synopsis : L’inspecteur de la police Jack Cates est accusé d’homicide involontaire, à la suite d’une opération qui a mal tourné. Pour ce faire, il a à nouveau besoin de l’aide de Reggie Hammond. Il dispose de 48 heures pour blanchir son nom. Pendant ce temps, un mystérieux caïd seulement connu sous le nom de « l’Ange bleu » embauche une bande de motards sauvages dans le but de tuer Reggie. L’un d’eux compte bien en profiter pour liquider aussi Jack, responsable de la mort de son frère lors de la précédente association entre Jack et Reggie.

À sa sortie, 48 Heures a été un succès, a lancé la carrière d’Eddie Murphy qui débutait, et a aidé à populariser le genre du Buddy movie. Rien que ça. Etonnant de voir que la Paramount a attendu 8 ans avant de lancer une suite. Suite qui voit pourtant la plupart des créateurs du premier revenir. Eddie Muprhy et Nick Nolte bien entendu en tête d’affiche, mais également quelques seconds rôles, dont Brion James, et ça, retenez le bien dans un coin de votre tête. Même derrière la caméra, Walter Hill revient pour réaliser (alors qu’après la violence de certaines scènes du premier film, on lui avait dit qu’il ne tournerait plus jamais pour la Paramount, ah l’ironie), James Horner revient à la musique, un des scénaristes est de retour, et Hill amène son directeur de la photo habituel sur le métrage (Matthew F. Leonetti, frère du tant terrifiant John R. Leonetti), avec qui il avait travaillé sur Extrême Préjudice et Double Détente, ainsi que Johnny Belle Gueule. Bref, tout est là pour faire une suite du niveau de l’original, mais à sa sortie, les critiques sont assez assassines, le studio lui avait prit peur et charcuté le métrage une semaine avant sa sortie, et donc pour l’équipe, une petite désillusion. Le pire étant donc le cas de Brion James, troisième au générique, personnage qui prend de l’importance normalement dans cette suite, mais qui voit son temps à l’écran ramené à 10 minutes. Ah oui, quand la Paramount décide de repartir en montage une semaine avant la sortie, ça fait passer le métrage au budget de 38 millions de 2h25 à 1h35. Le studio pensait peut-être qu’un film aussi long n’avait pas de chances au box office, et voulait absolument récupérer son investissement, et puis bon, chez les studios et exécutifs, les trous de scénarios et erreurs de continuités, on ne connaît même pas. Bon, résultat des courses, malgré des avis bien mitigés, 153 millions dans le monde. Mais du coup, est-ce qu’en l’état, puisque nous ne verrons probablement jamais un Director’s Cut, c’est si catastrophique que ça 48 Heures de Plus ? Et bien pas tant que ça.

Oui, ça se voit qu’il manque des bouts. De gros bouts. Mais cette suite demeure une comédie policière efficace tentant de garder l’esprit du premier film, son énergie, et par moment son côté violent. On sent même que l’équipe est contente d’être là. Eddie Murphy et Nick Nolte retrouvent leurs personnages et s’éclatent, c’est un peu comme si on ne les avait pas quitté pendant tant d’années, même si entre temps, Murphy est devenu une star. Ici donc, il y a toujours une échéance de 48 heures… Enfin, dans les faits, puisqu’avec les coupes du studio, cette échéance n’est jamais mentionnée. Mais ce coup-ci, les rôles sont quelque peu inversés. Jack donc a 48 heures pour prouver son innocence avant de passer au tribunal après une possible bavure lors d’une opération. Son comportement volontairement bagarreur et rentre dedans ne joue forcément pas en sa faveur. Reggie quand a lui sort enfin de prison, est libre comme l’air, en théorie. Mais voilà, il y a un contrat sur sa tête, et le tout bien sûr s’emboite parfaitement, puisque Jack traque un puissant et mystérieux dealer que personne ou presque n’a jamais vu, et que c’est ce personnage qui est au centre du récit, au centre de l’enquête, et qui met la tête de Reggie a prix en lançant un gang de motards après lui. Et comme il faut bien faire les choses, parmi le gang, on trouve un membre qui est le frère du grand méchant du premier film. Occasion pour le spectateur de découvrir dans ce petit rôle Andrew Divoff avant qu’il ne devienne connu du public pour son rôle dans Wishmaster. Oui, tout s’emboite, et le gros souci, c’est qu’avec les 50 minutes de coupes, pour privilégier à la fois l’action et la comédie, au détriment des personnages et du développement, et bien, ça s’emboite trop bien, trop facilement, trop rapidement.

Ça donne au métrage un côté bancal, voir bâtard. Le scénario n’est qu’optionnel presque, les scènes s’enchaînent, tout va vite, pas le temps de se poser et voilà. Mais ça n’en fait pas un mauvais film, car 48 Heures de Plus bénéficie malgré tout d’un casting solide (bien que souvent sacrifié sur la table de montage), et de la mise en scène encore affutée de Walter Hill. Il dynamise les scènes d’action, trouve souvent le cadrage le plus efficace, et nous offre même par moment quelques plans assez originaux. Oui, 48 Heures de Plus est inférieur au premier film, et apparaît comme un simple film d’action, et ça, on le doit aux coupes, et à un scénario, qui, en l’état, n’apparaît à l’écran que comme une repompe du premier film. On y retrouve en effet des gags, des rappels, et une décalque des scènes importantes du premier film. Une poursuite avec un bus ? Check, avec ce coup-ci des tonneaux en pagaille et des motos. Une scène dans un bar qui tourne mal ? Check, avec en prime une grosse baston. Des gags sur la voiture de Jack ? Check. Le délai de 48 heures ? Check, en partie. Le film ira jusqu’à reprendre le moment où Jack et Reggie partent interroger une fille et que le gang est justement dans l’appartement, et prend la fuite, amenant ensuite doucement l’acte final, dans lequel on trouve un final similaire, dans les faits. Quelques coups de feu, une ambiance moite et brumeuse, et le même sort pour chaque personnage. Sans doute qu’avec un développement plus aéré et donc un montage qui aurait osé se poser un peu plus (sans forcément atteindre les 2h25 du premier montage), les ressemblances auraient étés moins frappantes. Mais là, on les remarque, beaucoup. Encore une fois, ça n’en fait pas un mauvais film ou une mauvaise suite, juste un film d’action assez lambda et représentatif de son époque, et une suite sympathique mais en dessous du premier.

Les plus

Retrouver le casting
La mise en scène de Walter Hill, solide
De l’action, de l’humour
Un film sympathique qui va à 100 à l’heure

Les moins

Mais justement, un film qui va trop vite
Trous, facilités, heureux hasards, vive les coupes
L’exacte formule du premier, jusqu’à certaines scènes

En bref : 48 Heures de Plus, c’est une banale suite, charcutée par les studios au montage. Sympathique, rythmé, avec son lot d’humour et d’action, mais où tout va trop vite, tout est trop simple.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ The same cast as the first film, it’s nice to see them again
♥ Walter Hill’s directing is still nice and clean
♥ Action sequences, a few funny parts
♥ No time to get bored, the film is on fire
⊗ But sadly, in fact, it all goes too fast
⊗ Plot holes, coincidences, good job for cutting 50 minutes out of the film
⊗ Exactly the same formula as the first film, even some scenes are there
Another 48 Hrs., it’s a sequel like many others, but the studio also steps in the editing room to cut so much. Nice, with a good rhythm, action, jokes, it’s all there, but it goes too fast, it’s often way too simple and easy.

8 réflexions sur « 48 HEURES DE PLUS (Another 48 Hrs.) de Walter Hill (1990) »

  1. Je ne savais pas que le film avait été remonté… charcuté… Ça explique certaines choses alors (Brion James…). Je l’aime bien malgré tout, moi aussi, ce film.

    1. Je l’ai appris en préparant le texte pour cet article, mais ça se sentait en revoyant le film que certains trucs allaient trop vite, que certains personnages n’étaient pas exploités… Du coup oui, un film sympa, bien filmé, avec des acteurs que l’on est content de retrouver, mais on se dit que derrière ce film sympa se cachait un film probablement encore meilleur ou mieux construit, et que l’on ne verra probablement jamais, dommage.

  2. Invité d’honneur du récent festival Reims Polar, Walter Hill a évoqué sa carrière lors d’une master class que j’ai lamentablement loupé. Je ne pourrais donc te dire si la question d’un éventuel director’s cut de « 48 heures de + » a été évoqué. En tout cas, grâce à toi j’en apprends sur ce film que j’ai dû un peu trop négliger au profit de son premier opus.

    1. Dommage, ça aurait pu être très intéressant avec un réalisateur aussi marqué et qui a traversé, parfois difficilement certes, les époques. Puis Hill, c’est 48 Heures, mais c’est aussi Driver, The Warriors. Et non pas Supernova, je n’ai même pas réussi à le finir quand je l’ai testé il y a un an pour la première fois.
      Mais je pense que l’éventualité d’un Director’s Cut n’est pas prévue, sinon la news aurait facilement circulée.

      1. Carrément, Walter Hill c’est aussi le producteur d’Alien, le scénariste du Guet-apens de Bloody Sam Peckinpah, le real de l’excellent survival du bayou « sans retour » et du mésestimé Stallone « du plomb dans la tête ». Un sacré cador. Mais mon boulot ne me permettait pas être à l’heure à la master class. Je me suis replié sur une leçon d’acteur par Jacques Weber. C’est autre chose.

        1. C’est vrai qu’il a produit l’intégralité de la saga Alien, même si passé le troisième opus, je ne suis pas sûr que son implication soit si forte.
          DU PLOMB DANS LA TETE, j’avais personnellement bien aimé, même si ce n’était pas parfait, tu sentais qu’il avait eu un budget très réduit, ça se voyait un peu niveau photo et mise en scène, mais ça restait très sympathique oui.

          1. Comme tu dis, ça restait généreux, dans l’esprit buddy movie de « 48h », assez coriace et badass (l’affrontement à la hache à la fin).
            Et puis Walter Hill, c’est aussi « le bagarreur » avec Bronson, un chef d’œuvre. Et puis « les guerriers de la nuit », film culte pour beaucoup mais que je n’avais pas tant aimé.

            1. Tu me donnes envie de le revoir tiens, pas revu depuis sa sortie donc peu de souvenirs. Si ce n’est ce combat à la hache oui, et la présence de Christian Slater (un acteur que j’aime bien aux choix de carrière bien discutables souvent).
              Les Guerriers de la Nuit, pareil, pas vu depuis un sacré bout de temps, d’ailleurs jamais vu en VO. Il serait temps de réparer cette erreur afin d’avoir un quatrième film de Hill sur le site ! 🙂

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