THE QUEEN OF BLACK MAGIC (Ratu Ilmu Hitam) de Kimo Stamboel (2019)

THE QUEEN OF BLACK MAGIC

Titre Original : Ratu Ilmu Hitam
2019 – Indonésie
Genre : Horreur
Durée : 1h39
Réalisation : Kimo Stamboel
Musique : Fajar Yuskemal et Yudhi Arfani
Scénario : Joko Anwar

Avec Ario Bayu, Hannah Al Rashid, Adhisty Zara, Muzakki Ramdhan, Ari Irham, Ade Firman Hakim et Shella Dara Aisha

Synopsis : Hanif décide d’emmener sa famille en pèlerinage dans l’orphelinat où il a grandi. Sitôt la nuit tombée, des phénomènes étranges se produisent et une force les empêche de quitter les lieux. Commence alors une lente descente aux enfers dont l’échappatoire pourrait bien se trouver dans les souvenirs refoulés du père de famille.

Si les fameux Mo Brothers se sont séparés depuis plusieurs années après avoir livré des films comme Macabre en 2009 ou Killers en 2014, chacun continue sa route dans son coin. Timo Tjahjanto lui aura signé les impressionnants The Night Comes for Us disponible malheureusement uniquement chez Netflix, ainsi que May the Devil Take You (lui aussi disponible sur Netlix) et sa suite (elle disponible sur une autre plateforme, et inédite en France). Kimo Stamboel ne chôme pas pour autant, puisqu’il aura signé en 2018 l’adaptation du jeu vidéo Dreadout, soit l’adaptation du premier jeu horrifique Indonésien (bancal mais sympathique, j’en ai parlé il y a peu), pour un résultat bancal mais sympathique, mais qui avait clairement de la gueule visuellement. Il était néanmoins facile d’affirmer que Tjahjanto s’en sort bien mieux de manière générale, avec des films plus solides. Sauf qu’en réalité, Stamboel n’avait pas dit son dernier mot, et j’ai pu poser les yeux sur son dernier métrage, datant malgré tout quand même déjà de 2019, un remake d’un film Indonésien culte, à savoir, The Queen of Black Magic. Magie, esprits, démons, gore, le plat proposé par le réalisateur est grosso modo le même que celui de son ami sur les deux May the Devil Take You, ce qui pourrait rendre la comparaison facile entre les deux. Et bien on ne va pas se mentir, Kimo Stamboel s’en sort également très bien dans le domaine, et les œuvres des deux réalisateurs, lorsqu’ils lorgnent vers le cinéma qui tâche, nous rappelle toujours leur premier métrage ensembles, Macabre en 2009 donc. Une maison isolée, des personnages inquiétants, une ambiance lourde qui monte petit à petit, du gore qui tâche et qui n’hésite pas à frapper là où ça fait mal…

Oui, la formule, on la connait, mais quand elle est déployée comme ici avec un vrai savoir faire visuel, une narration certes simple mais fluide et efficace, et bien ça fonctionne, et ça fonctionne même très bien. On pourra toujours trouver à redire sur certains éléments, comme les rares plans en CGI qui, sans être ratés, ne tiennent pas la distance avec les effets pratiques dont le film a le plus souvent recours. Mais bref, revenons au commencement. The Queen of Black Magic donc, c’est l’histoire d’Hanif qui amène sa famille à l’orphelinat où il a grandi, puisque le vieil homme tenant l’établissement est malade. C’est l’occasion pour la famille d’en apprendre plus sur leur mari/papa, et pour Hanif, de retrouver certains amis qui se rendent eux aussi sur place pour le weekend. Mais rapidement, très rapidement, quelque chose cloche. Le film pose d’entrée de jeu son ambiance, très lourde, aidée par une composition musicale discrète mais soutenue. Du coup, on explore mentalement tout notre background de films de genre, et on émet immédiatement des doutes sur les orphelins présents sur les lieux. Pourquoi pas, après tout, entre la fille au visage partiellement brûlé et le garçon timide mais un peu étrange, pour qui la fille d’Hanif craque d’ailleurs. Mais non, comme souvent dans ce genre de métrages prenant racine dans l’horreur plus traditionnelle, l’horreur n’est pas interne, mais extérieure au groupe. Et les événements s’enchaînent. Un bus d’enfants retrouvés avec tous les occupants massacrés, une route qui semble ne mener nulle part, rendant la fuite impossible, ainsi que quelques rapides scènes de possessions qui tournent mal, évitant le côté souvent ridicule des scènes de possessions pour aller à l’essentiel : la personne sous influence inflige du mal aux autres, et surtout à soi-même.

Et si comme je le disais, on pourra regretter quelques effets numériques, notamment en ce qui concerne les milles pattes et autres insectes en CGI, puisque le réalisateur semble particulièrement les aimer et vouloir les filmer sous tous les angles, que les bêtes soient sur les personnages, ou à l’intérieur, il faut avouer qu’il évite d’en faire trop, de se montrer insistant, et semble le plus souvent bien plus à l’aise avec les effets pratiques, et là, il se fera clairement plaisir, n’épargnant pas grand monde sur son chemin. Le film emprunte la voie classique du toujours plus, en y allant graduellement, et ça fonctionne. D’une part car l’ambiance proposée par le réalisateur est clairement bonne, et que son film est techniquement solide, et d’autre part car si le scénario est assez classique, autant dans ce qu’il raconte que dans sa structure, on n’a cette envie d’avoir le fin mot de l’histoire, de connaître le fameux twist. Le film se fait donc plutôt solide, autant au niveau scénaristique, qu’au niveau de ses personnages, de son ambiance, et évidemment, de son visuel bien léché, et de ses effets gore, en allant jusqu’à s’en prendre aux enfants. Les films sur la magie noire, et surtout les bons films sur ce sujet sont suffisamment rare pour que l’amateur fonce sur The Queen of Black Magic, surtout que le métrage ne s’étire guère en longueurs, allant à l’essentiel la plupart du temps, et ne relâchant jamais la tension qu’il tente de mettre sur les personnages, et par extension, sur les spectateurs. En tout cas, c’est certain maintenant, le cinéma Indonésien, bien que toujours porté en général par les trois mêmes réalisateurs, se montre toujours aussi solide.

Les plus

Mise en scène solide
Très bonne ambiance
Du gore qui fait mal
Scénario classique mais au final prenant

Les moins

Quelques rares CGI en dessous du reste

En bref : The Queen of Black Magic est encore une bonne pioche venant d’Indonésie, un récit classique mais tendu du début à la fin, et avec une belle mise en avant des effets sanglants comme d’habitude.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Often stunning visually
♥ A very good atmosphere
♥ Often gory, and it’s painful!
♥ The script is classic in many ways, but it’s well written
⊗ A few CG are clearly not as good as practical effects
The Queen of Black Magic is a good movie from Indonesia, a maybe predictable tale but with a great atmosphere from start to finish, good filmmaking and a few good practical effects.

2 réflexions sur « THE QUEEN OF BLACK MAGIC (Ratu Ilmu Hitam) de Kimo Stamboel (2019) »

  1. Vu aujourd’hui ! J’ai adoré. Je te rejoins sur les CGI, y’en a trop, quand ils ne sont pas très jolis, on ne devrait pas en abuser mais bon… Le film est « classique » mais très bien ficelé en effet, la narration est fluide, comme tu l’as bien dit. Franchement c’est assez impressionnant et parfois j’ai failli détourner le regard de l’écran…

    A part les CGI il y a une seule chose qui m’a un tout petit peu dérangé > SPOILER > c’est la puissance de la queen of black magic, sérieux, elle est plus puissante que Palpatine la nana !

    1. Palpatine, l’original ou la version wish du dernier film ?….
      Trêve de plaisanteries, de toute façon, l’Indonésie sait parfaitement jouer sur le côté à la fois classique mais aussi bien moderne, dans la progression de l’horreur et de l’atmosphère. Il y a des scènes menant aux moments horrifiques qui sont bien gérées et très tendues je trouve. Cette vague d’actualisation des classiques Indonésiens est très réussie en tout cas, entre ça, les SATAN’S SLAVES (dont le réalisateur est ici scénariste), et sans doute d’autres qui sont moins visibles et connus hors du pays.

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