LE CREATEUR de Albert Dupontel (1999)

LE CREATEUR

Titre Original : Le Créateur
1999 – France
Genre : Comédie
Durée : 1h32
Réalisation : Albert Dupontel
Musique : Ramon Pipin et Jean-Philippe Goude
Scénario : Albert Dupontel et Gilles Laurent

Avec Albert Dupontel, Claude Perron, Philippe Uchan, Michel Vuillermoz, Nicolas Marié, Paul Le Person, Patrick Ligardes et Michel Fau

Synopsis : Darius est un auteur de théâtre. Il promet un jour à un producteur d’écrire une pièce, et se rend compte quelques mois plus tard que la publicité pour la pièce a commencé, que les acteurs sont engagés et vont commencer à répéter alors qu’il n’a toujours rien écrit, et n’a même aucune idée du sujet de cette pièce. Il commence alors à essayer de gagner du temps et trouver l’inspiration, avec angoisse.

Dans le paysage cinématographique Français, quelques réalisateurs sortent du lot et se refusent le plus souvent la facilité. Bien entendu, il y a Gaspar Noé, dont les œuvres sont vouées à diviser, de par leur radicalité, et depuis une dizaine d’années maintenant, il y a Quentin Dupieux, maniant l’absurde pour nous livrer des comédies oui, mais sortant clairement de l’ordinaire, et n’ayant rien à voir avec les habituelles comédies Françaises. Et avant, il y avait Albert Dupontel, qui semble s’être assagit avec les années. Bon, son dernier métrage restait tout à fait sympathique, mais Le Vilain et 9 Mois Fermes ne m’avaient pas du tout emballés. Dupontel avait un style acerbe, méchant, radical durant ces trois premiers métrages, à savoir Bernie, Le Créateur et Enfermés Dehors. Films qu’il galéra à faire. Difficile de se faire financer en France dans les années 90 dans le cas de ces deux premiers métrages quand on veut faire de l’humour très noir, que tout le monde en prend pour son grade, et que dans l’un, on donne des coups de pelles à des innocents, et que dans le second, on tue des Bretons pour trouver l’inspiration et ainsi écrire un script pour une pièce de théâtre ! Tel est le pari fou du Créateur, qui fut un flop monumental lors de sa sortie en salles d’ailleurs, un échec douloureux pour Dupontel. 187 000 malheureuses entrées au cinéma ! En tout cas, Le Créateur est un énorme bond en avant pour Dupontel, qui n’avait alors sur son CV comme réalisateur que Bernie. Film méchant par excellence, fun, allant au bout de ses idées, mais parfois bien bancal, et dont le bas budget est parfois bien visible, techniquement parlant. Avec Le Créateur, Dupontel a plus d’idées, dans sa construction narrative, dans ce qu’il va raconter, et dans la manière dont il va raconter son histoire visuellement.

Darius est donc un auteur de théâtre, qui, après un petit séjour à l’ombre pour abus d’alcool, se rend compte qu’il a tout simplement oublié d’écrire sa nouvelle pièce, alors que les répétitions doivent commencer, et que Chloé, une star accordant une très grande importance à son image de star, doit avoir le rôle principal. Forcément, dans les rôles titres, et même dans les secondaires d’ailleurs, on retrouve la fine équipe que Dupontel utilise et utilisera, encore et toujours. Il tient encore le rôle principal, Claude Perron a encore le rôle principal féminin, Nicolas Marié est encore et toujours présent, tout comme Patrick Ligardes et tant d’autres. Dupontel travaille en famille, et tout le monde semble s’amuser, dans des scènes à l’humour noir et méchant, où chats, alcooliques, sans abris et bretons meurent à coup de fusil de chasse et j’en passe, où la création si chère au personnage et par extension, à Dupontel, est mise en avant, et parodiée même en étant en relation avec la création de l’univers par Dieu, ce qui permet à Dupontel de mettre Jesus en image, qui lui donnera un coup de boule d’ailleurs, et même Dieu, qui sera joué par nul autre que Terry Jones, qui reviendra faire un petit caméo dans Enfermés Dehors des années après. Le Créateur semble être un film plus personnel en tout cas, et plus préparé, dans sa construction scénaristique mais également dans son visuel, Dupontel ayant des idées de plans assez inhabituelles pour le cinéma Français, quitte à en faire un peu trop par moment, à verser dans les effets de style plutôt gratuits. Mais voir ça, sur nos écrans Français, en 1999, et bien ça tient du miracle. Pareil pour la photographie, que le réalisateur et son directeur de la photo voulaient sombre et inhabituelle pour une comédie Française, qui sont souvent lumineuses et filmées le plus simplement du monde, à quelques excentricités près (Les Anges Gardiens, qui était un gros bordel épuisant, parfois de mauvais goût, mais qui a ma sympathie).

On saluera donc l’originalité de l’enrobage, même dans sa relative gratuité, et le fait que le film ne recule devant rien, amenant ainsi quelques scènes cultes, comme celle de la crêperie (Kénavo les bouseux), ou quelques phrases marquantes (Quand on change le code, on prévient). Dupontel est à fond dans son rôle, bafouillant, gesticulant, donnant un chaos organisé aux spectateurs, n’ayant peur de rien. Alors oui, on ne va pas mentir, malgré tout le bien que je pense du Créateur, le film n’est pas parfait. Il subit par moment quelques petites baisses de rythme, sans doute la faute à une construction dramatique forcément prévisible (un acte à écrire, un meurtre), même si l’ensemble monte en puissance. Ou un Dupontel, impérial et semblant en roue libre, qui ne semble pas vouloir s’arrêter lors de certaines scènes. Ou peut-être, comme je le précisais, des effets de style parfois gratuits, et donc peut-être épuisants, comme ce sera encore le cas sur Enfermés Dehors par la suite. Mais néanmoins, le Créateur a beaucoup à proposer, et pour qui aime l’humour bien noir et méchant, ses quelques défauts lui seront parfois pardonnés, surtout lorsque l’on remet le film dans le contexte de son époque, car comme Bernie en 1996, les films Français osant ce genre d’humour, tout en ne traitant pas ses personnages avec le dos de la cuillère, il n’y en avait pas des masses, voir pas. Des films de sale gosse oui peut-être, qui ne peuvent définitivement pas plaire à tout le monde, mais qui font du bien malgré leurs défauts. Mon plus grand regret face au film, c’est que finalement, dans cette pièce de théâtre en cinq actes, personne ne saura jamais qui a tué Momo le chat !

Les plus

Un Dupontel enragé
Une comédie à l’humour très noir
Après tout, ça sert à quoi un Breton ?
Des dialogues souvent hilarants
Ça déborde d’idées

Les moins

Quelques égarements nuisant au rythme
Trop d’idées, trop d’effets de style

En bref : Après un totalement fou Bernie, Dupontel signait Le Créateur, un film bien mieux maitrisé visuellement et dans ce qu’il raconte, malgré la présence encore de quelques défauts. Mais ça reste méchant, drôle, avec d’excellents dialogues et situations, bien que l’ensemble, de par son côté noir et hystérique, ne plaira pas à tous.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Dupontel is on fire
♥ A comedy with dark humor
♥ After all, what’s the point of people from Bretagne?
♥ Often hilarious dialogues
♥ Many ideas
⊗ Some parts might be too long, and not that good for the pacing of the film
⊗ Too many ideas and effects
After the totally crazy Bernie, Dupontel did « Le Créateur », a film much better mastered visually and in what it says, despite the presence still of some flaws. But it’s still wicked, funny, with excellent dialogues and situations, although the whole thing, due to its dark and hysterical side, will not please everyone.

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