SURVIVE STYLE 5+ de Sekiguchi Gen (2004)

SURVIVE STYLE 5+

Titre Original : Survive Style 5+
2004 – Japon
Genre : Comédie bordélique
Durée : 2h
Réalisation : Sekiguchi Gen
Scénario : Shimoji James

Avec Asano Tadanobu, Hashimoto Reika, Koizumi Kyôko, Abe Hiroshi, Kishibe Ittoku, Asô Yumi, Tsuda Kanji, Morishita Yoshiyuki, Jai West, Vinnie Jones et Arakawa Yoshiyoki

Synopsis : Un mari et sa femme mourante, un hypnotiseur à succès, une publicitaire, un homme convaincu d’être un oiseau, un gang de trois voleurs et un tueur à gages. Les vies de ces différents personnages, qui a priori n’ont pas grand-chose en commun, vont se retrouver étroitement liées, s’entremêler et s’acheminer inexorablement vers une fin des plus surprenantes.

Le début des années 2000 au Japon était malgré tout une période magique. L’arrivée de nouveaux cinéastes, la sortie de films fous qui s’écartaient de la narration classique, ou même des conventions cinématographiques établies. Et en ce qui concerne cette belle année 2004, on pensera immédiatement à deux réalisateurs, à savoir Ishii Katsuhito d’un côté qui livrait The Taste of Tea, et Sekiguchi Gen qui lui livrait Survive Style 5+. Deux films qui partagent d’ailleurs leur acteur principal, à savoir le génial Asano Tadanobu. Mais là où le premier mettait en avant une cellule familiale, avec ses moments de folies, mais pour livrer au final un métrage parfaitement cernable en quelques instants, Sekiguchi Gen avec Survive Style 5+ livre un film fou, un film qui ne ressemblerait presque à aucun autre si l’on ne distinguait pas aussi facilement ces diverses influences, mais qui s’avère malgré tout une véritable bouffée d’air frais. Imaginez donc un peu ce qu’il se passait si l’on prenait la structure habituelle d’un film de Guy Ritchie, à savoir de multiples personnages faits pour se rencontrer à un moment ou à un autre pour donner divers portraits forts au sein d’un même univers, le tout baignant dans une folie Japonaise comme on les aime, dans un univers pop coloré et totalement débridé, et avec en prime un casting de haute volée et des seconds rôles qui ne sont pas en reste, avec comme nappage une bande son pop rock de toute beauté, des tics visuels en pagaille, et en prime, des moments qui font tellement mouche qu’ils sont destinés à rester dans la tête du spectateur sur la durée. So, what’s your function in life ?

De Guy Ritchie, on trouve cette multitude de personnages dont le destin doit se croiser à un moment ou à un autre pour que l’univers ne forme qu’un tout, personnages ou groupe de personnages représentés par le petit chiffre 5 du titre. Habille Bill ! On poussera le vice en incluant dans le métrage Vinnie Jones, éternel acteur de Arnaques Crimes et Botaniques mais aussi Snatch, tout deux de Guy Ritchie, jouant un rôle assez similaire, un tueur qui se trimballe son traducteur partout et dont la « catch phrase » est destinée à marquer tant elle est utilisée (jusqu’aux derniers moments, hilarants). On pourrait aussi citer évidemment Kubrick, avec l’utilisation de musiques classiques pour coller à des scènes rappelant parfois clairement Orange Mécanique. Mais arrêtons le jeu des différences et des influences, car Survive Style 5+ a malgré tout son style qui n’appartient qu’à lui, comme si les influences justement s’intégraient parfaitement ensembles pour former quelque chose de nouveau, et surtout de rafraichissant. Nous sommes donc invités à suivre le destin de nombreux personnages. Aman, joué par le génial Asano Tadanobu, qui tue, jour après jour, sa femme, mais elle revient toujours pour lui en mettre plein la gueule, avec de nouveaux trucs dans sa poche pour diversifier l’ensemble. Ce qui amènera évidemment un comique de répétition aidé par un montage acéré souvent fabuleux. Aoyama (génial et trop rare et sous-estimé Abe Hiroshi), un hypnotiseur qui ne tient au lit que 3 secondes, une publiciste nommée Yoko qui a souvent des idées totalement saugrenues mais oh combien divertissantes, la famille de Kobayashi dont le père va devenir un oiseau après un spectacle qui tourne mal, un groupe de trois voleurs, et donc Vinnie Jones en tueur excentrique accompagné de son traducteur. Une magnifique galerie de personnages comme on en voit peu, à laquelle il faudrait citer quelques rapides seconds rôles qu’il serait criminel de ne pas citer, comme Pierre Taki en flic et Chiba Sony en chef d’entreprise. Un festival de têtes connues qui ont tous l’air, sans exception, extrêmement heureux d’être là et de se lâcher.

Et ça raconte quoi ? Oula ! Disons que certains morts refusent de mourir, certaines familles tentent de s’en sortir contre vents et marées, certains rêves demandent l’intervention du réel pour se terminer, l’imagination de certains personnages n’a pas de limites ! Come Baby, come, come Baby ! Véritablement, Survive Style 5+ est un film qui fait du bien, et qui sait aussi par moment quand il doit se poser pour partir dans une direction totalement différente, comme le montre le dernier tiers du film, qui pose enfin ses enjeux, mais qui se pose aussi en termes de plans et de montage pour partir dans des moments évidemment toujours un peu fous mais plus poétiques que ce qui précédait. Plus posé, plus optimiste également sans doute, mais sans renier son propre ADN, mais juste, l’élargit à de nouveaux horizons. On en vient à se dire que c’est ce qui manque, 20 ans plus tard, au cinéma Japonais, ce brin de folie amené par de nouveaux réalisateurs, aux influences certes marquées, mais qui amènent des univers forts, souvent barrés, mais malgré tout techniquement solides, tout en sachant être hautement divertissants, et finalement, leur donner l’allure de feel good movie. Des films qui donnent la patate, qui nous plongent souvent dans l’inconnu et dont on ressort avec un sourire immense, et nous rappellent que le monde du cinéma est nourri de diverses influences, et que l’on inspire toujours les uns des autres pour pouvoir ensuite offrir de nouvelles expériences. Oh yeah !