AN AMOROUS WOMAN OF TANG DYNASTY (唐朝豪放女) de Eddie Fong (1984)

AN AMOROUS WOMAN OF TANG DYNASTY

Titre Original : 唐朝豪放女
1984 – Hong Kong
Genre : Drame sensuel
Durée : 1h37
Réalisation : Eddie Fong
Musique : Jim San
Scénario : Chun Tin-Nam, Eddie Fong et Chiu Kang-Chien

Avec Pat Ha, Alex Man, Chang Kuo-Chu, Lam Hoi-Ling, Poon Chun-Wai, Ku Feng, Wang Lai et Wong Shu-Tong

Synopsis : Les derniers mois de la vie de Yu Hsuan Chi, prêtresse et poétesse taoïste, engagée dans un combat féministe qui parfois va la dépasser…

Eddie Fong n’est clairement pas le réalisateur le plus connu de sa génération. Ni le plus productif en réalité, n’ayant signé que quatre films en 10 ans, de 1984 à 1994. Par contre, comme scénariste, on le connait tous plus ou moins, de près ou de loin, débutant dés 1980 avec The Beasts, puis l’excellent Coolie Killer en 1982, métrage toujours difficile à trouver, et toujours impossible à trouver en qualité potable sans perdre la rétine sur au moins un de nos yeux. En 1984 donc, il s’essaye pour la première fois à la mise en scène, avec ce An Amorous Woman of Tang Dynasty débarquant chez Spectrum Films en ce mois d’Octobre 2022. Produit par la Shaw Brothers, rien d’étonnant à voir que le métrage mélange deux genres très souvent abordés par le studio, à savoir le film historique (ou Wu Xia Pian) d’un côté et le film érotique de l’autre. Sauf que le métrage en question ne compte aucunement faire dans l’érotisme gratuit et putassier, mais plutôt en profiter pour nous donner le portrait d’une femme forte, la poétesse Yu Hsuan Chi, incarnée à l’écran par la magnifique Pat Ha, habituée à ce genre de rôles de femmes fortes durant toutes les années 80, ce qui me permet ni vu ni connu de vous conseiller une nouvelle fois le polar On the Run d’Alfred Cheung. Deux genres clairement maitrisés par le studio, un réalisateur débutant mais avec un style bien défini dans son écriture, la mise en avant d’un personnage féminin fort, un casting qui fait plaisir, le tout à une époque qui sentait bon le tournage en studio, est-ce que le film tient ses promesses ? Et bien oui, même si c’est loin d’être parfait, et qu’il est très facile de croire la rumeur disant que le premier montage avoisinait les trois heures, tant certains moments narratifs semblent véritablement très rapidement survolés, alors que d’autres prennent tout leur temps.

Le métrage, qui comme le titre nous l’indique, se déroule il y a fort longtemps lors de la dynastie Tang, nous propose donc le portrait de Yu Hsuan Chi, une femme qui ne peut et ne veut pas faire comme toutes les autres femmes de son époque, qui ne veut pas se marier, qui accepte pleinement ses propres pulsions (sexuelles ou autres), et donc forcément, avec une vie mouvementée, et du coup, forcément, de manière assez prévisible, avec un destin tragique. Le métrage d’Eddie Fong donc fait le choix de se placer du côté de son personnage féminin pour nous dépeindre les derniers mois de sa vie, et les différents aspects de sa vie, que cela soit ses ébats amoureux, sa vie avec sa servante qu’elle dit elle-même considérer comme une petite sœur, mais aussi un peu de poésie, quelques rencontres, des choix radicaux, une envie d’être indépendante en refusant parfois l’aide financière des hommes. Un portrait de femme intéressant, sublimé par le casting. Pat Ha bien évidemment, comme déjà abordé plus haut, resplendissante à l’écran, crédible autant lorsqu’elle doit se dénuder que lors des moments plus dramatiques où elle est à fleur de peau. Mais elle n’est pas seule. Alex Man évidemment, dont le disque Spectrum contient une interview, qui donne de sa personne dans des scènes physiques, autant au sabre qu’au lit ! Sans oublier donc la jeune Lam Hoi-Ling, inconnue à la carrière extrêmement limitée (6 films), mais souvent resplendissante à l’écran également. Imaginez donc lorsque la jeune femme se dénude avec Pat Ha ! Mais trêve de plaisanteries, An Amorous Woman of Tang Dynasty, bien que lorgnant clairement du côté du film gentiment érotique à de nombreuses reprises, n’est aucunement un film d’exploitation. Il aurait pu, entre les mains d’un autre, clairement lorgner de ce côté, mais pas ici.

Eddie Fong certes dénude les corps, sa caméra suit les courbes, mais il n’insiste jamais lourdement, et en profite surtout pour travailler la lumière de son métrage (signée Andy Lam, touche à tout qui débutera comme directeur de la photo véritablement sur ce film, avant de travailler sur des films comme Police Story 3 et son spin off Project S, Gunmen, Il Était Une Fois en Chine) et ses cadrages. Comme souvent avec la Shaw Brothers, on sent clairement le tournage en studio, ce qui donne un côté certes parfois un poil factice car exagéré mais avec une belle identité visuelle, propre et agréable à l’œil. Un véritable travail visuel sublimé par la copie livrée par Spectrum Films, bien que l’on notera lors d’une scène en particulier des noirs très hésitants. Mais oui, le métrage s’aventure aussi parfois dans ce que l’on connait surtout le studio pour, à savoir, le film de sabre. Peu nombreux, on notera notamment deux combats, loin d’être mémorables mais tout à fait honnêtes, chorégraphiés par Tony Leung Siu-Hung, mais qui ne semble pas être véritablement l’intérêt du métrage pour le réalisateur. On remarquera cependant, comme énoncé également bien plus haut, que le destin tragique de l’histoire et des personnages, couru d’avance autant pour la véracité historique de l’intrigue que par sa cohérence narrative, fonctionne bien, et que le ton parfois fataliste du métrage est bienvenu. Le long final est sans doute le meilleur moment du métrage, et celui qui semble avoir le moins subit de coupes, même si étrangement, il arrive un peu d’un coup, sans prévenir, l’histoire prenant alors pour ses 15 ou 20 dernières minutes le tournant plus sombre et tragique attendu, d’un coup. Comme s’il manquait quelques éléments et que tout s’accélérait, alors que le film possède de manière générale un rythme plutôt posé et prenant le temps de développer ses personnages. Sans être donc clairement exceptionnel, la Shaw Brother nous propose là un métrage intéressant à la croisée entre deux genres.

Les plus

Pat Ha, sublime
Des scènes sensuelles esthétiques
Un portrait de femme intéressant
Un final tragique assez sombre

Les moins

Certains moments trop rapidement survolés
Un excellent final mais qui arrive aussi d’un coup

En bref : An Amorous Woman of Tang Dynasty est un métrage intéressant, un portrait de femme à la frontière entre deux genres, résolument pessimiste par moment, beau à d’autres, mais qui souffre d’un montage qui a dû subir des coupes drastiques tant certains moments semblent expédiés, et d’autres arriver sans prévenir.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Pat Ha, gorgeous
♥ Some very sensual scenes
♥ An interesting portrait
♥ A dark finale
⊗ Some scenes are too quick
⊗ A great finale, but it just, suddenly, is here
An Amorous Woman of Tang Dynasty is an interesting film, a portrait of a woman on the border between two genres, resolutely pessimistic at times, beautiful at others, but which suffers from an editing that had to undergo drastic cuts.

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