EAUX PROFONDES (Deep Water) de Adrian Lyne (2022)

EAUX PROFONDES

Titre Original : Deep Water
2022 – Etats Unis
Genre : Drame, vendu comme un thriller érotique
Durée : 1h55
Réalisation : Adrian Lyne
Musique : Marco Beltrami
Scénario : Zach Helm et Sam Levinson

Avec Ben Affleck, Ana de Armas, Tracy Letts, Grace Jenkins, Dash Mihok, Rachel Blanchard, Kristen Connolly, Jacob Elordi, Lil Rel Howery, Brendan C. Miller et Jade Fernandez

Synopsis : Victor Van Allen et sa femme Melinda vivent un mariage absolument désastreux et sans amour. Ils décident de pimenter les choses en s’autorisant à prendre d’autres amants. Mais leurs « jeux » vont rapidement virer au cauchemar lorsque plusieurs personnes autour d’eux commencent à mourir.

Le dernier film d’Adrian Lyne datait de 2002. Oui, 20 ans, ce qui donne un peu plus de ma substance sur ma théorie des retours de réalisateurs en 2022 (après David Cronenberg et Dario Argento, absents depuis 10 ans eux). Sauf que contrairement aux deux réalisateurs déjà cités, on ne peut pas dire que la carrière d’Adrian Lyne soit brillante. Son meilleur film d’ailleurs est un peu une anomalie dans sa carrière, l’excellent L’Echelle de Jacob, en 1990. Le reste, si la culture populaire nous fait forcément nous souvenir de Flashdance (ou plutôt de sa bande son), de 9 Semaines et Demi, Liaison Fatale ou Proposition Indécente, ça ne vole pas haut, voire osons les mots, ça ne vaut pas grand-chose. Son nouveau film, qui a eu toutes les peines du monde à sortir, après un tournage en 2019, des reports, puis une sortie sur Hulu en Amérique et Amazon Prime pour le reste du monde en Mars 2022, il a souvent été moqué, mais pour une raison malsaine (ou perverse), il m’intéressait un minimum, puisque vendu comme un thriller érotique, avec en têtes d’affiches Ben Affleck et surtout la talentueuse Ana de Armas (oui, je ne lâcherais rien, surtout pour l’avoir découvert avant sa reconnaissance en Amérique dans des films Espagnols comme Por Un Punado de Besos ou Mentiras y Gordas). Résultat des courses, on ne peut pas dire que je suis déçu car les attentes étaient basses, mais ce n’était vraiment pas bon ! Un peu comme si Adrian Lyne avait voulu faire un Gone Girl inversé, sans la bonne musique de Trent Reznor et Atticus Ross, sans la mise en scène de David Fincher, sans la tension, sans l’érotisme, sans l’écriture solide, et finalement en fait, sans rien tant son film semble désespérément vide et longuet. En plus d’être affreusement mal écrit.

Enfin, le film a-t-il seulement été écrit ? Car on a plus là un concept qu’un scénario. On a donc Victor et Melinda, un couple qui ne va pas bien, Melinda couche avec un peu tout le monde, et le film nous fait « subtilement » comprendre que Victor, il n’est pas content, et que plutôt que de choisir la facilité (divorcer, mais qui divorcerait d’Ana de Armas franchement ?), il choisit de tuer les prétendants de madame. Pourquoi ? Parce que ta gueule ! L’écriture de Deep Water, ou Eaux Profondes, est désastreuse, car nous avons l’impression de suivre des pantins sans âmes. Ben Affleck tue des hommes (enfin, au bout d’une heure, car au début, ça parle mais il ne se passe rien) car Ana de Armas est chaude et s’approche de toute personne de sexe opposé. Pourquoi leur mariage va mal ? Pourquoi ne dorment-ils pas dans le même lit ? Pourquoi Melinda semble en vouloir à Victor et le détester ? Pourquoi Victor est si distant et ne montre aucune émotion (outre le fait qu’il soit joué par Ben Affleck donc) ? Rien, on ne saura rien, je suis sûr que les deux scénaristes ne le savent pas non plus. On nous vend un thriller érotique, mais le souci, c’est que le métrage ne contient que très peu de thriller, et pas d’érotisme. Aucune tentative pour installer une tension sexuelle par les regards ou les dialogues, aucun corps filmé avec grâce et envie. Au mieux, on aura Ana de Armas topless sur un lit, et un « Kiss my Ass » littéral, mais en gardant la culotte, quand même quoi ! C’est plat, c’est vide, et du coup, il ne se passe strictement rien, et ce n’est pas surprenant donc de voir la première heure faire l’effet d’un somnifère. Aucun effort des scénaristes, ou de Adrian Lyne qui signe pourtant son retour, du directeur de la photographie, ou même de Marco Beltrami à la musique. On pourra bien dire que les acteurs font ce qu’ils peuvent, et c’est vrai, mais faire ce que l’on peut sur une base de rien du tout, c’est difficile.

Ah d’ailleurs, Victor et Melinda ont une fille, mais ça ne change rien, même si on pourrait se dire qu’ils restent ensemble pour le bien être de leur fille, mais non. Ah, et Victor, il aime les escargots, et c’est… hmmm, tant mieux pour lui ? Je suppose… Et le thriller donc ? Oui, Ben Affleck tuera bien une ou deux personnes, mais encore faut-il tenir jusque-là. Au moins, il faut bien avouer que la dernière partie du métrage réserve son lot de fous rires tant le film prend une tournure improbable, avec Ben Affleck poursuivant une voiture en vélo, dans une course poursuite digne de Michael Bay… Ou des scènes que l’on a bien du mal à comprendre. Le couple se déteste, mais là Victor offre à Melinda un livre avec des photos, et paf, c’est le grand amour tout le monde il est beau les oiseaux ils chantent ! Incompréhensible ! Que deux scénaristes parviennent à combler 120 pages de scénario de vide, cela ne me surprend plus, mais que cela parvienne à convaincre un gros studio, des acteurs connus et reconnus, et fasse sortir de sa retraite un réalisateur, c’est une énigme totale, et un peu flippante. Ou alors tout a dégénéré au tournage, ou au montage qui a viré toutes les scènes utiles et intéressantes du film, mais ça on ne le saura probablement jamais (la magie de la SVOD et donc de l’annihilation des bonus, ce qui doit arranger les studios sur ce genre de films mal aimés). Si encore Deep Water avait été drôle tout le long, on n’aurait pas perdu notre temps, mais là…

Les plus

Les acteurs font avec ce qu’ils ont
La fin est amusante (ce n’était pas le but)

Les moins

Extrêmement mal écrit (voire pas écrit)
Souvent risible
Des personnages vides
Une première heure chiante et interminable

En bref : Malgré sa promesse de thriller érotique, malgré son casting, Deep Water est un film soporifique qui n’a aucune tension, ni rien d’érotique.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ The actor do their best with what they have
♥ The finale is amusing (it wasn’t the goal)
⊗ Extremely badly written (not written?)
⊗ Often laughable
⊗ Empty characters
⊗ The first hour is soooo looong and boring
Despite the promise of an erotic thriller, despite its cast, Deep Water is a boring movie with no tension, and no erotism.

2 réflexions sur « EAUX PROFONDES (Deep Water) de Adrian Lyne (2022) »

  1. Pour ma part, « Deep Water » est un bon thriller psychologique disposant d’une histoire atypique, d’une intrigue poussive et d’un développement lent. Le rythme est plutôt lent sur une grande partie du métrage pour s’emballer dans la dernière partie. Le récit peut apparaître comme entortillé durant la première partie du film et la narration est linéaire dans l’ensemble. La photographie délivrée par Eigil Bryld est agréable mettant l’accent sur le niveau social dans lequel évolue les personnages. La bande musicale proposée par Marco Beltrami est assez sympathique, moderne et accompagne très bien les différentes ambiances du récit. Le montage, présenté par Tim Squyres et Andrew Mondshein, débouche sur un film d’une durée de 115 minutes offrant différentes atmosphères allant de l’humour au drame en passant par l’érotisme. Adrian Lyne, le réalisateur, livre un film plaisant, mais très nettement en dessous de son mythique « 9½ Weeks » (1986).

    1. Ah, premier avis modéré que je vois sur le film, à l’exception d’une critique pro US qui a qualifié le film de très érotique (on doit pas avoir le même niveau d’attente, ou la même vision de ce que c’est haha). As tu vu le reste de l’oeuvre de Lyne ? Je dois avouer qu’à l’exception de son grand film (L’Echelle de Jacob) et de Flashdance que j’avais tenté de revoir, je ne garde pas de grands souvenirs du reste. Mais il semble avoir toujours réussi à s’entourer d’acteurs confirmés. J’admets aussi sans honte que la poursuite dans la forêt vers la fin m’a plus fait sourire que scotché à mon siège.

Laisser un commentaire

En savoir plus sur Loving movies

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading