LA VEUVE NOIRE (Black Widow) de Bob Rafelson (1987)

LA VEUVE NOIRE

Titre Original : Black Widow
1987 – Etats Unis
Genre : Thriller
Durée : 1h40
Réalisation : Bob Rafelson
Musique : Michael Small
Scénario : Ronald Bass

Avec Debra Winger, Theresa Russell, Sami Frey, Dennis Hopper, Nicol Williamson, Terry O’Quinn, James Hong, Diane Ladd et D.W. Moffell

Synopsis : Deux industriels meurent, léguant leur fortune à leur femme. Alexandra Barnes, agent fédéral, découvre des similitudes dans la mort des deux hommes.

On ne va pas se mentir, aussi culte soit son réalisateur, aujourd’hui, pour les nouvelles générations, Bob Rafelson n’est qu’un illustre inconnu. Oui, celui qui avait dirigé deux fois Jack Nicholson dans The King of Marvin Gardens en 1972 puis surtout dans Le Facteur Sonne Toujours Deux Fois en 1980 ayant en plus arrêté sa carrière après le tout aussi oublié Sans Motif Apparent en 2002 (avec Samuel L. Jackson et Milla Jovovich), normal pour le grand public de ne plus le connaître. C’est pour cela qu’il est encore plus amusant de découvrir aujourd’hui un autre film mineur de sa filmographie, datant de 1987, à savoir La Veuve Noire. Black Widow donc dans sa langue natale, qui n’a rien à voir avec Scarlet Johansson, et heureusement. Car ici, on est dans le sens premier du terme, enfin, second si l’on compte l’araignée, mais étant donné que ce mot est rayé de mon vocabulaire, on restera sur le sens de cette femme manipulatrice qui s’en prend aux hommes pour leur fortune. Bob Rafelson troque donc Jack Nicholson pour deux femmes qu’il prendra plaisir à filmer. Debra Winger, jouant l’agent fédérale qui flaire le coup fourré, va se démener pour sortir de son bureau et mener une enquête de terrain, contre vents et marrées, contre les dires de son patron, allant jusqu’à s’impliquer personnellement dans les événements jusqu’à ce que cela n’en devienne obsessionnel. Une actrice toujours en activité récemment (Kaijillionaire en 2020), mais à la carrière malheureusement souvent anecdotique, sauf pour qui se souviendra de la série Wonder-Woman en 1976 (vous voyez, même à l’époque, tout mène aux super héros !). Face à elle, la fameuse veuve noire, femme manipulatrice, ayant toujours un train d’avance, avide d’argent, séductrice, bref, Theressa Russell, que l’on retrouvera par la suite en mère manipulée dans SexCrimes (Wild Things) en 1998 mais aussi en femme de tueur évadé dans… Spider-Man 3 de Sam Raimi. Bordel !

Hasard des carrières de côté, que reste-il de La Veuve Noire en 2023 ? Un thriller dans l’ère du temps, avec son esthétique purement années 1980, son casting de seconds couteaux pour les seconds rôles, malheureusement le plus souvent éclipsés pour des raisons aussi simples que, la mort par exemple pour certains… Oui, on trouve bien au casting Denis Hopper tout juste revenu de son excursion chez David Lynch, Diane Ladd pas encore aux prises avec Nicolas Cage ou des Carnosaures made in Corman, ou encore James Hong qui venait juste l’année précédente de périr des mains de Jack Burton, le plus souvent pour des petits rôles éclairs censés uniquement donner un peu d’épaisseurs aux évènements, quelques pistes à notre héroïne, Alexandra Barnes, têtue comme une mule. Car La Veuve Noire se découpe clairement en deux parties. La première place Alexandra au premier plan, puisqu’elle essaye d’obtenir des preuves, de prouver à son entourage qu’elle a raison, et prend donc l’apparence d’une intrigue policière tout ce qu’il y a de plus classique, et d’ailleurs, ça fonctionne. La première heure fonctionne même très bien. Un peu comme si l’obsession du personnage nous contaminait également. L’ensemble est filmé avec élégance, les actrices crèvent l’écran, et en réalité, si le film se refuse le traditionnel suspense de « est-elle vraiment coupable ? » en établissant dés le départ Theressa Russell, la femme changeant de nom aussi vite qu’elle change de mari, et aussi vite que son portefeuille s’épaissit, comme coupable et meurtrière, il s’agît plus d’un suspense pour savoir si elle laissera passer la moindre faille, si face à elle, Debra Winger parviendra à trouver le moindre petit indice qui lui donnera raison, qui pourra pousser sa quête à avoir un peu de reconnaissance, face à ces collègues, son patron, ou même la police qui se moque rapidement d’elle face à des théorie finalement vraies, mais sans aucune preuve pour les soutenir.

Dans sa seconde partie, le film fait plus office de face à face entre les deux jeunes femmes, dans un jeu où chacun cache sa véritable identité pour faire tomber le masque de l’autre. Malheureusement, cette partie s’avère moins passionnante, du moins à mes yeux, et ce malgré la délocalisation de l’histoire à Hawaï, et donc, malgré de magnifiques décors naturels, avec ses plages, ses lieux paradisiaques, et même lors de quelques scènes, un site volcanique en activité, que le réalisateur semble motivé à filmer en utilisant du grand angle. Mais oui, cette seconde heure semble moins rythmée ironiquement, joue des cartes que l’on voit venir à l’avance, et ne parvient ni à surprendre, ni vraiment à passionner. Un peu d’ailleurs comme si cette seconde partie, cette confrontation tant attendue entre les deux actrices, permettant enfin au réalisateur de les mettre en valeur au sein du même cadre, manquait de développement pour que l’on y croit. Ainsi, les deux se rapprochent et deviennent les meilleures amies du monde en une scène seulement, le doute venant s’installer finalement plus tard, ce qui est un peu dommage venant d’une femme qui passe sa vie à manipuler les autres, et donc, à se douter de tout en n’ayant aucune accroche particulière avec ce qui l’entoure. D’autre part, son final est également couru d’avance, et manque clairement de noirceur, faisant plus ressembler La Veuve Noire à un simple divertissement qui ne veut surtout pas choquer son public, et donc lui donne pile ce qu’un simple divertissement doit donner aux spectateurs. Des images jolies mais clean, une histoire pas toujours subtile qui va à l’essentiel, et un happy ending, car le grand public adore les happy ending. Et ça, c’est dommage. L’ensemble n’est pas désagréable, on passe un bon moment devant La Veuve Noire, plus que devant un certain film récent du même nom, mais on pouvait en attendre bien plus, plus de mordant, plus de risques.

Les plus

Deux actrices convaincantes, magnétiques à l’écran
Une première heure bien prenante
Un casting secondaire solide

Les moins

Un scénario bourré de facilités et de raccourcis
Un second acte moins prenant
Un final facile

En bref : Un petit thriller sympathique, avec un bon duo d’actrices, mais qui manque un peu de mordant et d’originalité dans son traitement.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ The two lead actresses are convincing
♥ The first hour
♥ A great secondary cast with famous faces
⊗ The script has a lot of flaws
⊗ The second hour is not always interesting
⊗ The finale is too easy
Black Widow is a nice little thriller, with good actresses and a great first part, but it lacks of originality in its treatment.

2 réflexions sur « LA VEUVE NOIRE (Black Widow) de Bob Rafelson (1987) »

  1. Je crois que je n’ai vu aucun des films de Rafelson. Mais quitte à choisir, je veux bien prendre une Debra Winger et une Theresa Russell contre un Jack Nicholson (no offense Jack).
    Et même si ça a l’air moyen, c’est sans doute bien mieux que la version Marvel (no offense Scarlett).

    1. Tu laisses le charme de ces dames obscurcir ton jugement ! Non mais il est moyen / sympa, mais tout à fait regardable, avec de belles images, et la première partie est vraiment bien. La version Marvel… ouais ouais, vu à sa sortie, un téléfilm de luxe qui dévie très rapidement dés que les sujets abordés pourraient être intéressants.
      Les Rafelson avec Jack, je les ai vu, mais il y a bien 20 ans, je ne saurais écrire dessus ou même les conseiller sans prendre le temps d’une nouvelle vision. Ca doit bien exister en Blu-Ray ça, après tout cette Veuve Noire, on l’a eu l’année dernière !

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