BODY BAGS de John Carpenter et Tobe Hooper (1993)

BODY BAGS

Titre Original : Body Bags
1993 – Etats Unis
Genre : Horreur
Durée : 1h34
Réalisation : John Carpenter et Tobe Hooper
Musique : John Carpenter et Jim Lang
Scénario : Billy Brown et Dan Angel

Avec Robert Carradine, Alex Datcher, Wes Craven, David Naughton, Stacy Keach, David Warner, Deborah Harry, Mark Hamill, Twiggy, Roger Corman et John Carpenter

Synopsis : Trois histoires horrifiques racontées par le coroner d’une morgue. The Gas Station voit une étudiante se faire embaucher dans une station service de nuit alors qu’un tueur rôde. Hair voit Richard perdre ses cheveux et tout faire pour les retrouver, quitte à tenter une chirurgie révolutionnaire. Eeye voit Brent perdre un œil après un accident de voiture, et s’en faire greffer un nouveau.

Au début des années 90, les anthologies ont le vent en poupe, au cinéma (Creepshow 2, Darkside), mais dans le fond, on peut également voir une série comme Les Contes de la Crypte comme un dérive du procédé. Et dans les années 90, beaucoup de réalisateurs cultes des années 70 et 80 n’ont plus une carrière aussi folle. John Carpenter vient d’essuyer l’échec des Aventures d’un Homme Invisible en 1992 tandis que Tobe Hooper vient de signer deux films très mineurs en 1990, dont un téléfilm. Et c’est ainsi que les deux réalisateurs se retrouvent en 1993 pour Body Bags, téléfilm contenant trois histoires d’une demi heure chacune, où Carpenter réalise les deux premiers segments, et Hooper le dernier. Le tournage pour la télévision leur permet beaucoup de choses. Une liberté de ton, une censure allégée, un humour méchant, et dans un sens, une liberté créatrice, ce que Carpenter avait perdu sur son long métrage précédent. D’entrée de jeu, on comprend que les deux se font plaisir, avec cette introduction, cette courte histoire venant s’intercaler entre les segments, où Carpenter lui-même joue le coroner. Humour noir méchant, cadavres en décompositions, têtes coupées un peu partout, oui, les deux se lâchent, avant que l’on ne commence avec The Gas Station, le premier segment réalisé par Carpenter. Un segment au scénario très classique (les deux réalisateurs ne touchent pas au scénario), mais qui, grâce à Carpenter aux commandes, mais également à la musique, qu’il signe avec Jim Lang (ils rebosseront ensembles sur l’Antre de la Folie l’année suivante), parvient à capter l’intérêt. Comment ne pas penser avec ce tueur qui rôde possiblement autour d’une station service aux débuts de Carpenter sur un certain Halloween, le sang en plus, puisqu’ici, le réalisateur se lâche par moment.

Et puis, il y a tous ces caméos, autant par des habitués de Carpenter (George Buck Flower et Peter Jason viennent faire coucou) que par d’autres réalisateurs ou acteurs connus (Wes Craven, Sam Raimi, David Naughton). Un segment donc très classique dans le fond mais plutôt prenant et amusant dans la forme. Les choses sérieuses commencent en réalité vraiment avec le second segment, Hair, sans doute le segment le plus fou de l’anthologie, celui le plus bis, le plus blindé d’humour noir. On y retrouve Stacy Keach (qui retournera pour Carpenter trois ans après dans Los Angeles 2013) qui perd ses cheveux, et niveau complexe, il se pose là. Obsédé par ses cheveux, ne voyant que ça partout (dont un passage hilarant dans la rue, où apparaît Greg Nicotero…. Et un chien à la chevelure parfaite….), il va faire le premier pas après avoir vu une publicité, premier pas vers une clinique proposant un traitement révolutionnaire, qui fait pousser les cheveux à l’envie en seulement une nuit. Forcément, cela cache quelque chose, et bon, on ne va pas se mentir, aller dans une clinique pour y voir David Warner en docteur, perso ça ne me rassure pas, tant l’acteur a prouvé plusieurs fois que dans le cinéma de genre, il ne fallait pas vraiment lui faire confiance (C’était Demain, Tron, Waxwork, Necronomicon), à quelques exceptions près (La Compagnie des Loups, et justement, l’Antre de la Folie l’année suivante). Segment véritablement bourré d’humour noir, Hair amuse plus qu’il ne terrifie, mais c’est la direction voulue par Carpenter, et il faut bien avouer que c’est tellement rare de voir l’auteur dans ce domaine là que cela fait sourire. Surtout qu’il ne s’en sort vraiment pas mal du tout.

Reste alors à se pencher sur le dernier segment, qui doit faire fort pour conclure l’anthologie, et qui est confié à Tobe Hooper, ce qui peut faire peur tant l’auteur n’aura pas vraiment brillé dans les années 90 (certains diront que passé Poltergeist en 1982, il ne brilla plus du tout). Et contre toute attente, si son segment retrouve un ton résolument plus sérieux, et bien il n’a pas à rougir face au reste. Mark Hamill joue un joueur de baseball qui perd un œil après un accident de voiture, et qui accepte la proposition de deux docteurs (dont l’un joué par Roger Corman lui-même) pour une greffe expérimentale. Ce qui va amener quelques soucis, et quelques visions d’horreur pour notre jedi préféré, surtout que cela va bouleverser sa vie de famille, avec sa femme, qui en plus est enceinte. Plus sérieux que le précédent segment, Eye s’en sort bien, et Mark Hamill trouve d’ailleurs là un rôle plutôt intéressant qu’il tient très bien, et qui vient faire écho avec sa vie réelle (l’accident de voiture qu’il a eu avant L’Empire Contre Attaque). Hooper se lâche sur quelques visions horrifiques (le sang et le cul sont bel et bien présent), et filme le tout sérieusement. Bien entendu, il ne révolutionne rien, comme d’ailleurs le film dans sa totalité, et on pourrait juste dire qu’il aurait été plus judicieux d’intervertir les segments Hair et Eye pour avoir une progression plus nette dans les concepts (Gas Station hyper terre à terre, Eye plus fantastique, Hair fantastique et comique), mais rien qui ne dérange vraiment. À condition bien entendu de garder en tête que l’on est là face à un téléfilm. Car cela se ressent malgré tout dans la mise en scène, dans certains petits plans. La patte des deux auteurs est en tout cas bel et bien là, mais le ton parfois plus léger. Une curiosité intéressante que l’on peut enfin découvrir d’ailleurs dans son format original et en VO grâce au Blu-Ray de Shout Facoty, et non pas en 4/3 et en VF comme chez nous.

Les plus

Premier segment classique mais bien mené
Second segment bourré d’humour noir
Un troisième segment parfois bien violent
Carpenter et Hooper se font plaisir

Les moins

Un côté téléfilm (ce qu’il est)
Si tous les segments sont bons, ils restent inégaux dans le fond et la forme

En bref : Petite pause pour Carpenter et Hooper, qui se font plaisir avec ce téléfilm en trois segments, et parfois bien surprenant, surtout le second (Hair), qui manie l’humour noir à la perfection.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ The first story, simple but effective
♥ Lots of dark humour in the second story
♥ Sometimes really violent
♥ Carpenter and Hooper have fun
⊗ It looks like a TV movie (and it is)
⊗ If all the stories are good, they are not that good in every aspect
A little break for Carpenter and Hooper, and they have fun with this film, with some surprising stories, some fun ones too.

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