DOOR III de Kurosawa Kiyoshi (1996)

DOOR III

Titre Original : Door III
1996 – Japon
Genre : Horreur
Durée : 1h29
Réalisation : Kurosawa Kiyoshi
Musique : Torsten Rasch
Scénario : Konaka Chiaki

Avec Tanaka Minako, Nakazawa Akihiro, Mayumi Rinko, Amamiya Ryô, Suwa Tarô, Maezawa Yasumi, Shinra Manzô, Yamamoto Toshihiko et Nakamura Kazuhiko

Synopsis : Miyako travaille dans le milieu des assurances. Douée, elle doit cependant redoubler d’inventivité pour maintenir son quota, et obtenir la promotion qu’elle envisage. Alors qu’elle se blesse à la cheville dans une cage d’escalier, elle rencontre un jeune et mystérieux patron, qu’elle va tenter de séduire pour obtenir des ventes. Mais à partir de là, sa vie commence à basculer.

1996, Kurosawa Kiyoshi n’est pas encore connu à l’international. D’ailleurs, au Japon non plus il n’est pas encore particulièrement connu, mais il a tout de même déjà de la bouteille. Il n’est pas à son coup d’essai, loin de là, ayant déjà par exemple derrière lui Sweet Home, production horrifique « compagnon » du jeu vidéo du même nom sortant en 1989, mais aussi par exemple la longue saga Suit Yourself or Shoot Yourself, polars mettant en vedette ce grand Aikawa Shô. Tout cela bien entendu, pour la plupart, ce sont des films de V-Cinema. Du bon vieux V-Cinema des années 90, qui lança la carrière de beaucoup réalisateurs qui avaient des idées, et des choses à prouver. En 1996 donc, Kurosawa se lance dans Door III, qui ne nécessite d’ailleurs pas de voir les deux premiers pour comprendre quoi que ce soit. Un petit film de commande qui aurait pu être oublié. Sauf que. Sauf que Kurosawa commence déjà à mettre sur pellicule ses obsessions, et on décerne déjà certaines thématiques chères au réalisateur qui pointent le bout de leur nez. Et puis, Door III n’est pas le coup d’essai de Kurosawa, certes, mais il a su s’entourer. Au scénario d’ailleurs, on retrouve un certain Konaka Chiaki. Ecrivain et scénariste, lui non plus ne débutait pas, ayant déjà pas mal de scénarios pour du V-Cinema sur son CV, et même des métrages un peu plus ambitieux comme Evil Dead Trap 2. Et lui aussi, mine de rien, il a une certaine patte, et un certain amour pour les ambiances étranges et pour les personnages épiés par d’étranges individus. On le retrouvera notamment au scénario de Marebito pour Shimizu des années plus tard, et il est impossible pour moi de ne pas faire un lien entre Door III et Marebito en termes d’ambiances et de certaines scènes, tout comme il est impossible de ne pas faire de liens entre Door III et Cure de Kurosawa par exemple.

Door III, un grand film avant l’heure donc ? Oui et non. Clairement, les deux auteurs posent leur patte sur l’œuvre, se l’approprient, pour en faire une œuvre qui s’inscrit clairement dans le reste de leur carrière. Néanmoins, sur certains aspects, Door III est limité, sans doute par un manque de temps, ou de budget, ou par quelques petites maladresses, notamment dans le traitement de certains personnages. Pour autant, l’aventure mérite d’être vue, surtout que contrairement à d’autres œuvres plus personnelles de Kurosawa, et certainement également moins accessibles, Door III ne dure qu’à peine une heure et demi, et se doit certainement de remplir un certain cahier de charge qui lui donne un petit cachet plus classique, plus exploitation qu’auteur. Ce qui n’est aucunement un mal. Kurosawa décide donc de nous plonger dans le quotidien, qui va devenir de plus en plus étrange, de Miyako, une jeune employée de bureau qui vise une promotion dans sa boite vendant des assurances. Sauf que, Japon oblige, il faut respecter son quota, il faut toujours viser plus haut, faire plus, et Miyako a bien du mal depuis quelques temps. Du coup, toutes les techniques sont bonnes pour parvenir à ses fins, mais même là, rien à faire. Sa vie bascule cependant, dans tous les sens du terme, lorsque dans un escalier, alors qu’elle se blesse à la cheville, elle rencontre un homme, marié, chef d’entreprise, et va décider de faire de l’homme sa prochaine cible. Ou alors est-ce l’inverse ? Puisque passé cette rencontre, le quotidien de Miyako bascule donc, elle se sent épiée, des événements étranges se produisent autour d’elle, elle aperçoit parfois des silhouettes au loin qui semblent l’observer. Paranoïa, hallucinations, spectres, voisinage mal intentionné, ou bien pire encore ? Door III laisse planer le doute et son mystère s’épaissit au fur et à mesure des minutes, en explorant parfois plusieurs pistes.

Et c’est là son gros point fort, son mystère, puisque Kurosawa, aidé par le scénario donc, soigne l’ambiance de son métrage, soignant ses cadrages, jouant sur la lumière pour mettre en avant certains éléments (des visages parfois volontairement cachés dans l’obscurité), et ajoute par-dessus tout ça un sound design discret mais qui met clairement dans l’ambiance. Les pistes sont nombreuses, même si assez rapidement, les possibilités se réduisent, mais le réalisateur fait preuve d’une vraie dextérité pour livrer un divertissement solide et inquiétant, tout en se permettant déjà en 1996 d’interroger sur certains éléments de la culture Japonaise, notamment la culture d’entreprise ici. Alors oui, Door III a ses limites. Toute l’équipe, devant et derrière la caméra, est talentueuse, mais on ne peut s’empêcher de penser que si le mystère fonctionne, tout comme les principaux personnages entourant ce mystère, quelques autres personnages semblent trop en retrait, peu développés. De même, si le mystère est solide, à titre personnel, la dernière ligne droite du métrage, moins mystérieuse forcément, m’aura clairement moins convaincu, sans pour autant être déshonorante. Le réalisateur aurait-il tiré trop tôt toutes ces cartes ? Pour moi, oui. Il reste cependant plus qu’intéressant de voir les « débuts » d’un futur grand, plus modestes, mais déjà pleins d’idées.

Les plus

Une ambiance réussie
Pas mal de petites idées de mise en scène
Un mystère qui fonctionne
Une belle équipe pour ce film
Door III annonce déjà la suite pour Kurosawa

Les moins

Limité, sans doute par son budget
Quelques personnages trop en retrait
Final moins convaincant ?

En bref : Door III est un tout petit film, pas forcément connu, mais qui annonce déjà ce que Kurosawa fera ensuite. L’ambiance y est lourde et réussie, et malgré quelques limites, le spectacle est prenant.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ A great atmosphere
♥ Lots of little ideas everywhere
♥ The mystery works
♥ A nice crew behind the film
♥ Door III shows us what Kurosawa will do after
⊗ Limited, probably because of its low budget
⊗ A few characters not well developed
⊗ The finale less convincing
Door III is a little film, not knowned, rare, but it shows us what Kurosawa will do after. The atmosphere is heavy and great, and despite a few limitations, it’s a nice little film.

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