DUEL TO THE DEATH (生死決) de Ching Siu-Tung (1983)

DUEL TO THE DEATH

Titre Original : 生死決
1983 – Hong Kong
Genre : Wu Xia Pian
Durée : 1h26
Réalisation : Ching Siu-Tung
Musique : Michael Lai
Scénario : Ching Siu-Tung, David Lai et Manfred Wong

Avec Norman Tsui, Damian Lau, Flora Cheung, Paul Chang, Eddy Ko, Yeung Chak-Lam, Best Kwon Yeong-Moon, Wang Ho et Hon Kwok-Choi

Synopsis : Dans la Chine ancienne gouvernée par les Ming, un duel opposant le meilleur sabreur du pays à son homologue japonais a lieu tous les dix ans. Cette année, le disciple de Shaolin Ching Wan doit affronter Hashimoto. Les deux hommes, que le sens de l’honneur et les valeurs martiales réunissent, se retrouvent tiraillés entre les complots et rivalités politiques séculaires entretenus par leurs deux nations et leur admiration mutuelle ; avant de devoir se livrer à leur inéluctable confrontation fratricide.

Souvent considéré aux côtés de titres aussi cultes que Zu de Tsui Hark comme l’un des piliers d’un certain renouveau du cinéma HK, et en particulier d’un de ses genres de prédilections, à savoir le Wu Xia Pian donc, Duel to the Death marque aussi également les premiers pas en tant que réalisateur de Ching Siu-Tung. Chorégraphe, réalisateur de scènes d’action et de scènes martiales depuis le début des années 70, il passe donc ici réalisateur, amenant donc le genre vers des contrées nouvelles et plus dynamiques. Les années 80 en somme ! Ching Siu-Tung, comme réalisateur, ce n’est pas un manchot non plus, puisqu’on lui doit la trilogie des Histoires de Fantômes Chinois (même si supervisés de très près par Tsui Hark), les deux Swordsman, Terra-Cotta Warrior… et également des films plus espacés et surtout plus discutables depuis une vingtaine d’années, avec Naked Weapon ou The Sorcerer and the White Snake. Pire, son dernier métrage en date, il l’aura signé pour une plateforme de streaming en 2019, un certain Jade Dynasty. Mais revenons à Duel to the Death, métrage clé donc de l’industrie HK, et encore adulé et cité par beaucoup de nos jours, un métrage simple (un duel à mort, tout est dans le titre), au scénario simple bien qu’amenant de multiples petits éléments dans l’intrigue, mais surtout, une vision moderne d’un genre clé. Comme souvent donc ici, il est question de duel, d’écoles d’arts martiaux, de philosophie de vie, et donc, de personnages qui s’envolent dans les airs en se battant au sabre. Mais là où Tsui Hark amenait le genre vers des horizons bien plus fantaisistes, et surtout fantastiques pour son Zu, Ching Siu-Tung, qui signe également en parti le scénario, fait le choix d’un récit beaucoup plus terre à terre passé les quelques excentricités inhérentes au genre.

Car oui, ça s’envole dans les airs, des ninjas utilisent des techniques originales et farfelues, mais mine de rien, tout cela s’inscrit dans un récit sombre, mais surtout un récit sobre, et où perdre un duel équivaut le plus souvent à la mort, de préférence en perdant quelques membres au passage. Un excellent choix donc pour donner un film certes plus original dans ses idées et plus vif dans sa mise en image, mais pour donner à son récit un ton résolument adulte. Les péripéties s’enchainent, souvent très rapidement, et c’est bien là la plus grande qualité du métrage, qui se retrouve à la fois dans son scénario et dans sa mise en image. C’est généreux et inventif. Le scénario est simple, mais qu’importe, le film trouve toujours moyen d’ajouter de multiples petits éléments, des petites idées, de varier les plaisirs et de faire preuve d’originalité dans les affrontements, dans les lieux visités. A l’image donc c’est la même chose avec une générosité de tous les instants, de multiples combats rapides, des ennemis virevoltants dans tous les sens, des idées toujours plus folles, comme des ninjas qui arrivent carrément accrochés sur des cerfs-volants. Une générosité parfois hallucinante, qui en ferait oublier les quelques défauts du métrage, car rien n’est parfait. Si le film se veut par exemple très sombre, et il l’est, il n’échappe pas à une poignée de scènes un peu plus légères, voire même dispensables, comme cette rencontre entre un élève et son maître en pleine forêt, avec oiseau qui parle et maître vieillissant qui fait le pitre. Court, mais finalement un peu de trop vu son traitement. De même, si la mise en scène déborde d’idées, limite à chaque scène pour un émerveillement perpétuel, la technique, aussi soignée soit-elle, n’échappe pas à quelques plans où la mise au point semble hésitante, témoignant comme souvent à Hong Kong d’un tournage extrêmement rapide, et d’un nombre de prises très limité. Mais rien de bien méchant, car Ching Siu-Tung livre la marchandise à côté.

Visuellement, c’est souvent enchanteur, et il n’est pas rare, mais en ne connaissant rien au cinéma, de s’extasier devant quelques idées originales, ou devant des décors superbement mis en valeur par une photographie qui a dû en faire transpirer plus d’un, comme éclairer à la torche un très long tunnel (hommage à Kubrick et son Barry Lyndon ? haha). La photographie est très appliquée, et c’est souvent un délice pour les yeux, même pour les scènes nocturnes, totalement maitrisées. De plus, tout en sachant tout cela, et le fait que le film joue de sa générosité, il faut signaler également que Duel to the Death ne perd pas une seconde. 1h26 et c’est plié, pas le temps de bavarder trop longtemps, pas le temps de faire des détours inutiles, malgré les ajouts progressifs au scénario (des trahisons, des traitres, des coups bas, des kidnapping). Cerise sur le gâteau, le réalisateur livre un combat final mémorable, bien que les copies HD du film laissent alors apparaître lors d’une poignée de plans les câbles faisant virevolter les acteurs. Mais qu’importe, c’est vif, extrêmement violent, le réalisateur joue avec le son et l’image en plaçant son duel sur une falaise, les chorégraphies sont excellentes, et si comme toujours le final s’avère abrupt (une manie à Hong Kong, un peu comme en Italie), le spectateur lui en sort forcément avec un grand sourire. Sans doute l’un des meilleurs représentants du genre dans les années 80.

Les plus

Un film généreux à tous les niveaux
Débordant d’idées
D’excellentes chorégraphies
Très belle photographie
Court et allant à l’essentiel
Un récit sombre

Les moins

De très rares notes d’humour
De rares défauts de mise au point

En bref : Pour son premier film, Ching Siu-Tung frappe fort, signant un Wu Xia Pian maitrisé, survolté, bourré d’idées et avec un excellent combat final.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ A very generous movie
♥ So many ideas
♥ Good choreographies
♥ Very beautiful photography
♥ Short
♥ A dark story
⊗ Some jokes, and not that good
⊗ Some flaws, some shots out of focus
For his first film, Ching Siu-Tung struck hard, with a great Wu Xia Pian, full of ideas all the time, and an excellent final fight.

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