Titre Original : Kultus Iblis
2023 – Indonésie
Genre : Fantastique
Durée : 1h38
Réalisation : Bobby Prasetyo
Musique : Bembi Gusti et Aghi Narottama
Scénario : Ilya Aktop et Ami Murti
Avec Yasamin Jasem, Fado Alaydrus, Rukman Rosadi, Emil Kusumo, Alit Aryani Willems, Yayu Unru, Mian Tiara, Debo Andryos et Delia Husein
Synopsis : Après la mort de leur père, deux jumeaux se rendent dans un village isolé où de lourds secrets familiaux sont enterrés afin d’en apprendre plus. Rapidement, ils se retrouvent bloqués sur place.
Le cinéma horrifique Indonésien, grâce à une poignée de réalisateurs, se porte très bien. Ce qui est amusant, c’est qu’on a l’impression que beaucoup de ses bobines horrifiques partent avec le même postulat, ou essayent plutôt de se créer un propre sous genre. Mais si, ces histoires de familles qui se retrouvent au choix dans une maison isolée ou un village tout aussi isolé, où il y a de lourds secrets, et bim, on peut rajouter par-dessus un esprit très méchant ou bien de la magie noire, et voilà, le tour est joué. Les films de Kimo Stamboel jouent énormément dessus, avec The Queen of Black Magic, Sewa Dino récemment, Jailangkung Sandekala ou encore Ivanna. Alors évidemment, le risque, c’est de lasser le spectateur, que tout cela tourne un peu trop en rond. Mais moi, je suis curieux, donc quand un nouveau métrage, reprenant l’exacte formule énoncée, mais cette fois-ci réalisé par Bobby Prasetyo dont je ne connais rien de l’œuvre, débarque, et bien je fonce. En espérant y trouver ces ambiances moites et effrayantes, ses scènes chocs marquantes et ce style visuel appliqué qui fait plaisir. Le synopsis ne viendra aucunement nous surprendre dans tous les cas. Le tout commence par la mort d’un homme, de manière non naturelle évidemment, et plutôt visuelle. Ses deux enfants, des jumeaux, Naya et Raka, vont suivre la piste laissée par leur père et se rendre dans un tout petit village paumé au milieu de nulle part pour en apprendre plus sur leur père, et possiblement, sur leur passé également. Oui, du vu et revu dans le genre. Qu’importe encore une fois, tant que l’ensemble tient la route, est bien rodé, et nous donne ce que l’on attendait de lui.
Et Kultus Iblis y parvient… partiellement. Car rapidement, non pas qu’il se prend les pieds dans le tapis, mais il souffre d’une écriture, notamment de personnages, absolument désastreuse. Et tout cela vient parfois mettre à mal la logique des personnages et du scénario. Mais au départ, tout commence bien. L’ambiance est prenante, on retrouve ce que l’on connait et aime dans ce que l’on appellera un sous-genre du cinéma horrifique Indonésien, la mise en scène n’est absolument pas désastreuse, Yasamin Jasem est fort charmante dans le rôle principal, elle que l’on a déjà vu dans les deux Mangkujiwo, ou cette même année 2023 dans Pamali The Cursed Village, également réalisé par Bobby Prasetyo. Bref, tout se met en place doucement, c’est visuellement soigné, l’ambiance marche, et surtout, les personnages, bien que n’étant pas non plus géniaux, sont logiques et parfaitement identifiables, que ce soit dans les deux principaux, les jumeaux, ou dans les autres, les habitants du village où ils se rendent. Il y a forcément le personnage qui doute de tout et veut quitter les lieux tandis que l’autre est l’exact opposé, et dans le village, il y a des personnages étranges, des non-dits, ceux qui ont un sourire en coin et cachent des choses. Pour ne rien arranger, il y aura également des cauchemars, ou hallucinations, pour Naya, qui se réveillera souvent dans des endroits insolites, et se mettre en tête de chercher les lieux de ses cauchemars dans les alentours du village. Tout ça, ça fonctionne. Sauf que rapidement, la logique est mise à mal. Naya, qui au départ n’a pas du tout envie d’être là, à toutes les raisons du monde pour fuir en courant, et pourtant, ce sera bien elle le moteur de l’histoire, celle qui sera curieuse, va faire avancer les choses, après avoir passé une première demi-heure à se plaindre, et après avoir été victime de cauchemars et de doutes. A l’opposé, son frère, qui veut découvrir la vérité, se montre rapidement illogique également, et le plus souvent, totalement inutile.
Il n’est pas rare, il est vrai, de voir ce genre de comportements plutôt illogiques dans un film d’horreur. Mais lorsque le métrage se veut aussi sérieux, et autant jouer sur son mystère, et mettre en avant une ambiance étrange autour de son duo de personnages principaux, et bien, non, ça coince malgré tout un peu plus que dans un banal slasher où le seul intérêt aurait été de voir tomber un à un un maximum de personnages. Car ici, nous sommes dans le récit classique du village perdu, de secrets, de magie, de démons et j’en passe, et donc le bodycount n’est, en soit, pas bien élevé. Il faut justement que l’on apprécie un minimum les personnages pour vouloir être à leurs côtés lors de la découverte de l’horreur, de la vérité. Et du coup, non, ça ne fonctionne pas, et malgré sa durée assez courte et plutôt habituelle dans le cinéma de genre Indonésien, parfois, ça ne passionne plus vraiment. Évidemment, on aura droit à une poignée de scènes chocs, à quelques moments bien troussés qui réveillent, à un final déjà plus prenant malgré là aussi quelques fausses notes, que l’on doit plus à un montage maladroit ceci dit (la partie de cache-cache dans une forêt la moins palpitante du monde). Oui, Kultus Iblis m’aura, pour le coup, énormément déçu. La déception est d’autant plus grosse que tout n’est pas à jeter, loin de là. La déception est plus grosse car le film n’est pas totalement mauvais. C’est justement ça le pire. Il navigue entre le mauvais et le très bon, le sympathique et l’extrêmement bancal, constamment.
Les plus
La formule habituelle
Visuellement, solide
Quelques scènes efficaces
Les moins
Une écriture pas fameuse
Un montage hésitant
Des personnages qui se contredisent trop souvent
En bref : Kultus Iblis, c’est moyen, et surtout décevant. Le bon côtoie sans arrêt le mauvais, les scènes chocs côtoient des scènes aux décisions illogiques, et le montage parfois vient décrédibiliser l’ensemble. Dommage, malgré de bonnes intentions.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ The usual formula ♥ Visually, it’s good work ♥ A few effective scenes |
⊗ The writing is not really good ⊗ The editing too is not perfect ⊗ The characters are just contradictions |
Kultus Iblis, it’s not really good, and a big disappointment. There is some good there, but also some bad near it, shock scenes are near non logical decisions, the editing is hesitating and makes it hard to believe. Too bad, despite good intentions. |