JAILBAIT (Em chua 18) de Lê Thanh Sơn (2017)

JAILBAIT

Titre Original : Em chua 18
2017 – Vietnam
Genre : Comédie romantique
Durée : 1h35
Réalisation : Lê Thanh Sơn
Musique : Christopher Wong
Scénario : Lê Thanh Sơn, Tran Khanh Hoang et Charlie Nguyễn

Avec Kaity Nguyễn, Kiều Minh Tuấn, Will, Nguyễn Tiến Dũng, Châu Bùi, Kiều Trinh, Alexandra Nguyễn, Võ Ngọc Trai et Don Nguyễn

Synopsis : Hoàng est prof de yoga, et playboy qui drague tout ce qui bouge sans jamais s’attacher. Un beau matin, il se réveille dans la chambre de Linh, et apprend que sa conquête du soir précédent n’a que 17 ans, et que la jeune femme compte bien en profiter pour le manipuler.

En me lançant dans Jailbait, je savais d’avance que ça allait être quitte ou double. Il ne pouvait pas en être autrement, avec sa pochette rose bonbon, son titre, autant original que anglais qui ne laissait que peu de place au doute, son pitch, son casting, son genre. Oui, soit ça allait passer nickel, soit ça allait être douloureux. Mais avec un brin de courage, de curiosité, et en se rappelant que j’adore Lolita Malgré Moi, qui lui aussi a une magnifique pochette rose bonbon, on se lance. Et après 1h35, j’en sors avec deux affirmations. La première, c’est que finalement, j’ai passé un bon moment, et j’aurais même ri. Mission accomplie donc, vu qu’il s’agit d’une comédie. La seconde, c’est qu’un film comme Jailbait n’existerait pas aujourd’hui hors de l’Asie, à moins d’y changer énormément d’éléments, comme tout le dernier acte, ou bien inverser le sexe des personnages. Car ici, nous sommes bien devant une comédie romantique, avec tout ce que cela implique dans sa narration et son final. Un genre très codifié et peu surprenant dans sa narration, et qui se doit, quasi 100% du temps, d’offrir au public un happy ending. Donc si je vous dis que Jailbait est une comédie romantique qui commence par une jeune femme de 17 ans qui, après avoir compris que son petit ami l’a trompait avec une autre, décide de se venger et va complétement manipuler un homme plus vieux de 20 ans, pour l’avoir à ses pieds, l’afficher en public, rendre son ex jaloux, vous voyez sans doute bien où est le problème pour notre pauvre société occidentale moderne. En réfléchissant donc quelques secondes, et même si l’homme est ici un playboy, la femme, elle, manipule, ment comme elle respire. En bref, elle est fautive. Hop, levée d’une armée de boucliers contre le film. Et avec cette relation entre une femme de 17 ans et un homme plus vieux de 20 ans, dans une comédie romantique, on sait très bien ce que cela implique pour le final.

Oui, l’amour gagne. Hop, après la levée de boucliers, je crois qu’on aurait droit à une levée d’épées chauffées à blanc. Et vous savez quoi ? Et bien, faites donc, ce n’est que du cinéma, ce qui est à l’écran n’est pas nécessairement cautionné par l’équipe, car, et bien, c’est du CINEMA justement. Le jour où ce que l’on filme devra être validé moralement par l’ensemble de la population mondiale, et bien le cinéma n’existera plus. Jailbait donc, et bien, c’était fun. Léger, avec des gags qui font souvent mouche, un casting qui semble s’éclater et que l’amateur de cinéma Vietnamien connait. D’ailleurs, il est à noter que l’actrice Kaity Nguyễn semble beaucoup plus à l’aise dans le registre léger de la comédie, avec ce film ainsi que Blood Moon Party en 2020, que dans un registre plus sérieux et subtil tel que le thriller, car Girl from the Past, c’était sympathique, mais le manque de subtilité faisait que l’on grillait tous les twists à l’avance. Malgré une narration au départ décousue pour ouvrir le film directement sur un gag (le père pourchassant notre pauvre trentenaire dans la rue, en caleçon), le film nous présente hyper rapidement le personnage de Linh comme une jeune femme de 17 ans manipulatrice, et prête à tout pour s’en sortir. Même si l’on peut comprendre aisément son envie de se venger de son ex, elle embarque un inconnu, qui n’a rien à voir avec cette histoire, dans sa vengeance personnelle, mettant sa vie personnelle et professionnelle en danger. Car la jeune femme, qui a les moyens de le faire chuter avec une vidéo compromettante, a de la suite dans les idées, et un planning parfaitement établis. Le playboy devra donc s’afficher en public avec la jeune femme, aller la chercher en voiture après les cours, passer tout son temps libre avec elle, et forcément, l’accompagner au bal de fin d’année.

On ne tarde donc pas à comprendre où tout cela va nous mener, et que le final sera ce fameux bal de fin d’année, où l’amour, le vrai, va révéler son visage et que tout est bien qui finit bien, même si cet happy ending est parsemé d’embuches et de divers soucis, comme la perte d’un emploi, une fête qui finit mal chez le playboy, et de multiples nouveaux mensonges car Linh ne lâche rien. Et le film, dans son ensemble, parvient à faire rire le spectateur, et l’on pourrait même ajouter qu’il peut facilement faire office de film feel good. Car qu’importe les moyens employés par Linh, le ton reste léger, les situations s’enchaînent rapidement et trouvent une résolution souvent rapidement, et on remarque, tout comme les personnages, qu’à force de trainer ensemble, une vraie amitié, et donc, par extension, l’amouuuuuuur va finir par frapper à leur porte. Aucun doute que la dernière partie fera grincer des dents une large partie du public tant le happy ending semble déplacé. Et dans le fond, tiens, tant mieux. Moi, je l’ai pris pour ce qu’il est. Un petit divertissement fort sympathique qui met de bonne humeur, bien que je ne cautionne absolument pas ce qu’il nous présente. Et ça, c’est beau.