KING OF SNIPERS (狙击之王：暗杀) de Chris Huo (2023)

KING OF SNIPERS

Titre Original : 狙击之王：暗杀
2023 – Chine
Genre : Action
Durée : 1h38
Réalisation : Chris Huo

Avec Yang Xing, Henry Prince Mak, Li Donghe, Guo Muhan, Kent Tong, Du Kang, Jackson Liu, Rui Xiu et Zhang Bohao

Synopsis : Une sniper professionnelle va devoir exécuter les ordres d’un homme qui lui a injecté des nano bombes dans le corps. Si elle refuse de les exécuter, elle explose. Si elle tente de fuir, elle explose. Si elle rate sa mission, elle explose. Recherchée partout dans le monde, elle aura une nouvelle vie avec une nouvelle identité si elle mène à bien les tâches qui lui sont confiées.

Cela fait des mois que certaines personnes me conseillent le cinéma de Chris Huo, que l’on me vend ses métrages comme de réels bons films, des actionneurs au-dessus du lot, des excellents DTV Chinois. Je n’avais pas cédé jusque-là, puisque les DTV Chinois, si tout n’est pas à jeter, et bien c’est souvent fauché, les CGI sont souvent honteux, l’humour rarement glorieux. Et lorsque, comme moi, la qualité générale d’un film dépend de l’alchimie entre chaque ingrédient, forcément, ça fait mal, même si certains restent divertissants, ou que l’on pardonne plus facilement des mauvais CGI lorsqu’ils sont rares à l’écran, ou lorsqu’ils sont utilisés pour représenter des éléments fantastiques, n’existant pas dans le monde réel de la réalité véritable. Mais voilà, donc, face à l’engouement général, je me suis motivé pour découvrir le cinéma de Chris Huo via son King of Snipers, bobine de 2023 qui, contrairement a beaucoup d’autres films du genre, ne dure pas 1h10, mais 1h38. Une durée plus conséquente pour le film disponible sur la plateforme Youku, et qui pourrait donc signifier une ambition bien plus grande. Et puis, un film avec des snipers, pourquoi pas, Stalingrad (Enemy at the Gates) est un excellent film avec des scènes tendues du slip comme diraient les jeunes. Sauf que King of Snipers ne joue pas dans la même cour. Oubliez donc la tension, remplacez tout ça par de l’action. Oubliez la sobriété, et remplacez tout ça par des CGI, du genre cinématique de Playstation première du nom (oui, la console de 1996), ainsi que des effets de styles. Oubliez le développement de personnages et remplacez ça par de l’humour bas du front. Certains voient en Chris Huo l’avenir du cinéma d’action Chinois, et si je ne remets pas en doute ses intentions de départ (tout n’est pas à jeter), il me fait finalement, avec ce King of Snipers en tout cas, bien plus penser à un Wong Jing 2.0. Anna est donc une super sniper, d’où le titre du film, et le prouve en ouverture en éliminant un malfrat en faisant chuter sur sa voiture une caisse pleine d’argent depuis le haut d’un building. Pourquoi pas.

Mais pourquoi, à l’heure où les tournages en numérique coûtent de moins en moins chers et que la technologie permet l’utilisation de drone, nous mettre un plan traversant une ville avec un rendu de Playstation 1, bâtiments tout lisses à la clé et rues sans un seul habitant ? Je n’ai pas la réponse à la question, mais c’est là, à peine quelques secondes après le lancement du film, que j’ai commencé à sentir la douille, à comprendre. Car la scène suivante, avec évasion d’un asile, met clairement en lumière toutes les qualités mais aussi tous les défauts du métrage. Des qualités, oui il y en a. Quelques chorégraphies acrobatiques plutôt fluides qui font plaisir, des fusillades avec impacts de balles réels (traduction, faits sur le tournage, pas rajoutés numériquement). Bref, une envie de bien faire, de se rapprocher d’une certaine idée du divertissement à l’ancienne. La jeune actrice jouant Anna donne de sa personne, sautant partout, se battant, fusillant du figurant par dizaines et abattant des snipers avec un fusil d’assaut à longue distance. Si le film s’en tenait à cette formule, ça aurait été, en effet, le film gagnant. Sauf que le métrage, malgré sa durée conséquente pour un film du genre et surtout malgré son envie de divertissement old school, est surtout un métrage hybride assez étonnant qui laisse un méchant arrière-goût. Pourquoi ? Car son développement de personnage, il n’y en a pas, chaque personnage est là et uniquement définit par sa fonction. Anna est une pro de l’assassinat, et ce bon vieux docteur qui l’accompagne tout le long de l’aventure sans trop savoir pourquoi est le sidekick rigolo, qui passe son temps à gueuler, et que l’on aimerait bien étriper dés sa seconde minute à l’écran. Pas de bol, il sera là tout le long du film. Le métrage alterne donc d’un côté le sérieux de ces scènes d’action avec la bouffonnerie la plus totale façon Wong Jing. Il n’y a pas que ce personnage, on pourra aussi souligner une méchante en mini-jupe avec katana, qui semble sortir d’un manga live et n’a donc absolument pas sa place dans un film d’action sur un conflit armé dans un pays en guerre. Après, je suis mauvaise langue, la seconde partie du métrage développe enfin un peu ses personnages. Anna a donc forcément un traumatisme blabla, rien de passionnant, basique, et arrivant dans un sens trop tardivement pour développer correctement tout ça.

N’oublions pas non plus la petite morale qui sera dite par un enfant qui par sa sainte parole, va unir les personnages, c’est pas beau tout ça ? Puis il y a l’action en elle-même, constante (trop d’ailleurs), et qui alterne, parfois un plan sur deux, la bonne idée et l’idée de merde. La bonne idée avec quelques chorégraphies, deux ou trois mouvements de caméras bien trouvés, des acteurs investis à défaut d’être bons quand il faut jouer la comédie. Et des belles idées de merde, comme l’ajout d’humour dans l’action en elle-même (l’arrivée après un parachutage immonde en CGI, avec la chaise roulante et les deux mitrailleuses), les quelques plans faisant appels à l’imagerie numérique qui sonnent instantanément faux et brûlent les yeux. Le combat d’escrime par exemple alterne le bon (la chorégraphie, les moments sérieux) et le mauvais avec son humour constant, son actrice au look manga, ses ralentis avec bruitages comiques à l’appui. Est-ce que King of Snipers est bon en tant que plaisir coupable ? Car quitte à choisir, pour rester dans le domaine du film en pays en conflit, je lui préfère de loin la vision chaotique de Michael Bay dans un 13 Hours par exemple. Bouffonnerie assumée sous coke ? Sans doute. Réel bon film d’action ? J’en doute fortement, lorsque même l’action est parasitée par les défauts, et que le film n’a pas le budget de ses ambitions. Pourtant, il y a de vraies explosions, et une belle envie derrière. Même un amour certain pour le cinéma à l’ancienne. Mais il aurait dans ce cas fallut revoir les ambitions à la baisse (du genre, réduire la durée de 30 minutes pour réduire le nombre de scènes d’action, et le nombre de ratages), voire embaucher un autre scénariste qui ne se croit pas pour un génie comique.