Titre original : アサシン
2011 – Japon
Genre : Policier
Durée : 1h44
Réalisation : Ohara Gô
Musique : Asakura Noriyuki
Scénario : Ohara Gô d’après le roman de Hiroyasu Kubota
Avec Baba Ryôma, Kubota Yûki, Iwata Sayuri, Otomo Kôhei, Watari Hiroshi, Watanabe Naoko, George Takahashi et Takano Hassei
Synopsis : Ryô et Misaki sont deux amis d’enfance, qui sont souvent ensembles. Mais autre chose les lie. Ils sont également tous les deux des tueurs solitaires et sans merci. Parfois, il leur arrive même de faire un contrat ensembles. Néanmoins, leur vie va changer lorsque Ryô, lors d’un contrat, va finalement prendre sous son aile une lycéenne présente sur les lieux.
Que de chemin parcouru ! Avant d’être réalisateur, Ohara Gô était chorégraphe de scènes d’action, sur des productions plus ou moins petites (Death Trance, Onechanbara). En 2008 finalement, il franchit le cap de la mise en scène avec un minuscule projet sans argent (ni scénario) : Geisha Assassin. Pour palier au manque d’argent et d’ambition, il dynamise son récit de nombreux combats de qualité, malgré quelques câbles de trop. Deux ans plus tard, il remet le couvert avec un peu plus d’argent, mais un scénario toujours aussi mince. En résulte le très fun, parfois gore et encore bourré d’action Gothic & Lolita Psycho, sorti chez nous dans une version honteusement censurée de quelques minutes. Et à peine un an après, un nouveau film, encore, mais Ohara Gô choisit de surprendre le spectateur, du moins le spectateur connaissant son œuvre. Ici, adieu les univers fantaisistes, les combats au sabre, les histoires timbre poste et les personnages barrés. An Assassin est un polar noir, avec un scénario bien plus consistant, et les combats sont remplacés par des fusillades. Oui, le fossé est grand entre An Assassin et les précédentes œuvres de Ohara Gô. Il affiche clairement plus d’ambitions, et pour se faire, il est également aidé par un budget plus élevé que d’habitude, offrant ainsi un rendu visuel plus professionnel, mais également permettant de tourner en pleine ville. Adieu donc la forêt de Geisha Assassin et les entrepôts vides et toits d’immeubles de Gothic & Lolita Psycho.
Dans le fond, on pourra même dire que An Assassin ressemble à un métrage de John Woo, puisque Ohara Gô nous propose de suivre les aventures de deux amis d’enfance, tueurs à gages, qui vivent seuls, restant éloignés du monde qui les entoure, et avec un fort sentiment d’amitié, voir même de loyauté entre eux et dans la manière dont l’univers qui les entoure est dépeint. Ceci dit, la ressemblance s’arrête ici (ou presque), puisque visuellement, si Ohara soigne son film comme jamais, il n’a pas le même budget qu’un John Woo. Ces fusillades seront donc rares, plus expéditives, mais avec un petit côté énervant, comme dans le gun fight dans le parc, où les personnages sont si près les uns des autres, et pourtant, s’évertuent à tirer à côté. Un élément qui vient retirer la crédibilité à la scène, alors que le réalisateur parvenait à faire monter la tension assez habillement juste avant la fusillade. Des moments comme ça, le métrage en a malheureusement plusieurs, et nous force à baisser un peu le jugement d’un film pourtant maîtrisé avec l’argent dont l’équipe devait disposer. Si les fusillades sont courtes (certaines sont tout de même très réussies), le fond comme dit rappelle bien le John Woo de la grande époque, et donc il n’y a aucune surprise à voir rapidement l’insertion d’un personnage féminin dans l’histoire, que Ryô, l’un des tueurs, va prendre sous son aile.
L’ensemble fonctionne très bien, le film se fait maitrisé et plutôt bien écrit, donnant l’impression que le film est plus court qu’il ne l’est réellement, et on prend du plaisir à voir ces personnages bien construits évoluer dans cette histoire sombre, dont le final est bien entendu prévisible, car couru d’avance. Ohara Gô n’oublie pas pour autant qu’il était premièrement chorégraphe, et insére quelques très rapides combats dans son récit, qui tranchent avec le reste de sa carrière en restant dans le ton du film. Froids, réalistes, rapides, les combats fonctionnent bien et s’intègrent parfaitement au récit. Il est dommage donc de voir quelques détails énervants (comme lors de certains gun fights) s’insérer dans un tableau finalement ambitieux, revenant à un cinéma noir plus classique comme on en faisait à l’époque. Tout est là pour nous le rappeler d’ailleurs, entre son score musical, le tournage principalement de nuit, ou encore quelques tics divers, parvenant parfois à faire oublier le petit budget. Une petite réussite de plus.
Les plus
Un bon film noir
Des personnages intéressants
Réaliste
Les moins
Des moments moins convaincants
En bref : An Assassin est un bel hommage aux films noirs de la bonne époque. Loin d’être parfait, mais attachant et prenant.