WYATT EARP de Lawrence Kasdan (1994)

WYATT EARP
Titre original : Wyatt Earp
1994 – Etats Unis
Genre : Western
Durée : 3h11
Réalisation : Lawrence Kasdan
Musique : James Newton Howard
Scénario : Lawrence Kasdan et Dan Gordon

Avec Kevin Costner, Dennis Quaid, Gene Hackman, David Andrews, Linden Ashby, Jeff Fahey, Michael Madsen, Bill Pullman, Isabelle Rossellini et Tom Sizemore

Synopsis : Wyatt Earp grandit dans une famille d’avocats et de juges et semble destiné à suivre la voie tracée par son père et son grand-père. Il se marie à Urilla, un amour de jeunesse, et commence à étudier le droit avec l’intention de s’établir dans le Missouri et d’y fonder une famille. La mort de sa jeune épouse enceinte, emportée par la typhoïde, bouleverse le cours de sa vie. Après avoir fait divers petits boulots et manqué de se faire tuer en tant que conducteur de chariot, Wyatt part alors pour Wichita, puis gagne Dodge City où il porte pour la première fois l’insigne de marshal et se rend célèbre pour son intransigeance. Il rassemble ses frères autour de lui, à Tombstone, avec le projet de monter une affaire. Son amitié pour Doc Holliday, joueur professionnel alcoolique et tuberculeux, son amour pour Josie, une belle et jeune aventurière, contribuent encore à forger sa légende.

Les films traitant d’un moment ou d’un autre de la vie de Wyatt Earp, ce n’est pas ça qui manque, le cinéma s’y est intéressé très tôt, dés la fin des années 30, avec l’Aigle des Frontières d’Allan Dwan en 1939. D’autres films arrivèrent avec les années, les plus connus étant Winchester 73 de Anthony Mann en 1950 et Règlements de comptes à OK Corral de John Sturges en 1957. Mais dans les années 70 et 80, presque rien. Il faut attendre les années 90 pour que les studios s’y intéressent à nouveau, sans doute poussé par le grand succès public et critique d’Impitoyable de Clint Eastwood en 1992. En réalité, Kevin Jarre travaille sur un projet sur Wyatt Earp avec Kevin Costner, mais les deux hommes ne s’entendent pas sur la direction à suivre. Jarre continue, et fera avec George Pan Cosmatos à la mise en scène et Kurt Russell dans le rôle titre Tombstone, qui sera un succès. Costner lui va chercher Lawrence Kasdan, qui est loin d’être un manchot, pour réaliser Wyatt Earp. Tout est dans les titres. Tombstone veut avant tout nous raconter les événements ayant eu lieu dans la fameuse ville et traite le groupe d’Earp à égalité (avec un tel casting, ça aurait été dommage). Wyatt Earp lui préfère nous raconter intégralement la vie du personnage depuis sa tendre enfance à la ferme avec son père joué par Gene Hackman, troisième crédité au générique malgré un temps de présence à l’écran devant chiffrer dans les 10 minutes, sur 3h11 de film. Une vie entière à traiter dans le métrage, expliquant ainsi sa grande durée. Malgré un départ similaire, et forcément, la mise en image de pas mal d’événements communs, Tombstone et Wyatt Earp sont deux films totalement différents. Presque complémentaires même en fait. Chacun ayant ses défauts, et ses qualités.

Tombstone était rythmé, allait à l’essentiel, donnait du temps de présence à son grand casting, et était un western classique, assez rentre-dedans mais très plaisant. À l’opposé, Wyatt Earp prend son temps, multiplie les sujets, se focalise avant tout sur Kevin Costner quitte à laisser pas mal de personnages en arrière plan, et à les faire disparaître pendant un temps, bénéficiant d’une mise en scène classe et réfléchie, mais souffrant en quelque sorte de ces ambitions. Trop long, trop d’éléments à traiter, une histoire qui se disperse parfois un peu trop. Car basiquement, ici, ça dure plus de trois heures, et ça commence par la tendre enfance de notre jeune homme, avant qu’il ne quitte la demeure familiale, se trouve divers boulots, soit marshall dans quelques villes, puis ne les quitte, avant d’arriver, assez tardivement, à Tombstone. L’on verra donc forcément ses rencontres avec Doc Holliday (Dennis Quaid, excellent et très différent de l’interprétation de Val Kilmer dans Tombstone), ses premiers pas avec les frères Masterson (Bill Pullman et Tom Sizemore), mais comme quasiment toute la vie de Wyatt Earp est condensée dans le film, tout va vite. Les personnages entrent dans le récit, puis parfois disparaissent un temps, reviennent, meurent, ou redisparaissent avant leur prochaine scène. Il faut d’ailleurs noter, comme pour Tombstone, que Wyatt Earp bénéficie d’un sacré casting. Outre les noms déjà cités, et bien entendu Kevin Costner dans le rôle titre, signalons la présence de Jeff Fahey, Michael Madsen ou encore Isabella Rossellini, rien que ça. Et malgré le récit qui s’étire parfois, alors qu’il survole beaucoup d’éléments, ironiquement, il faut bien avouer que Lawrence Kasdan livre souvent une mise en scène inspirée. Certains moments flattent la rétine, d’autres sont incroyablement fluides, le montage fait du bon boulot et tout s’enchaine plutôt bien malgré la multitude d’éléments à traiter dans le métrage.

Un vrai film fleuve donc, malgré ses longueurs et ses quelques égarements. Là où Kasdan fait fort, c’est quand, arrivé à un certain stade du récit, l’on compare certaines scènes du film avec son homologue, Tombstone donc, montrant une réelle application pour mettre en image certaines scènes. La scène avec le train à l’arrêt par exemple, arrivant assez tardivement, après l’agression des frères de Earp et leur départ de la ville, est un moment incroyablement maitrisé dans les faits, et bénéficiant d’une ambiance visuelle absolument sublime. Un moment marquant. Ce qui est plutôt dommage, c’est que malgré la mise en scène travaillée et propre, le film manque de ce genre de moments, ces moments marquants, qui nous marquent la rétine. Le récit sait prendre son temps, sait par moment faire monter la sauce comme on dit mais ce genre de moments qui marquent les esprits des cinéphiles sont au final plutôt rares. La fameuse fusillade d’OK Corral manque par exemple d’intensité, mais bon, elle manquait également de tension chez Cosmatos. Sans doute déjà qu’en coupant quelques éléments de l’intrigue (comme la tendre jeunesse de Earp, même si cela nous aurait privé de Gene Hackman à l’écran), finalement peu utiles au développement général, le film aurait déjà gagné en rythme, et donc, aurait pu marquer les esprits plus facilement. Pourtant le choix de s’intéresser à l’humain plutôt qu’aux éléments héroïques de la fameuse fusillade est un choix intéressant, mais qui amène quelques longueurs et clichés. Imparfait oui, mais pas désagréable, fait avec sérieux et la furieuse envie de livrer un grand film fleuve sur le sujet, avec un gros casting.

Les plus

Un casting énorme : Costner, Quaid, Hackman
Une mise en scène classe avec quelques fulgurances
S’attarde plus sur le côté humain qu’héroïque

Les moins

Se disperse un peu trop
Trop long
Manque de moments vraiment marquants

En bref : Film fleuve et gros échec au box office, Wyatt Earp de Lawrence Kasdan est un métrage intéressant, qui a ses grands moments, mais manque de vrais moments marquants et qui s’éparpille un peu trop en voulant traiter de toute la vie du personnage.

2 réflexions sur « WYATT EARP de Lawrence Kasdan (1994) »

  1. Pas de doute, tu nous flattes la rétine avec ces captures d’écran !
    Comme tu dis, l’ambition de Costner/Kasdan est tout autre que celle de Cosmatos. Il y a la volonté de filmer une fresque ample et majestueuse à la gloire d’un mythe américain. Il fallait sans doute trois heures, ne serait-ce que pour se démarquer des multiples autres films consacrés à Earp (je me permets d’ajouter « my darling Clementine » de Ford, peut être le plus beau à mes yeux). Mais Kasdan n’est pas Malick et ce fleuve d’images n’a sans doute pas la même portée philosophique. Ça reste un très beau western.

    1. Je me prend toujours la tête pour les captures, car dés qu’un film a de belles images, je me retrouve avec 50, 60 voir plus de captures…
      Alors oui dans le fond tu as raison, l’ambition est autre, plus grande, plus humaine également. Il y a quelques longueurs, quelques ratés, peut-être que l’égo de Costner a aussi façonné certains choix, bons ou mauvais durant la production. Kasdan ou Cosmatos (Russell aurait dévoilé qu’il aurait réalisé une partie du film lui-même, Cosmatos étant arrivé sur le projet au dernier moment, projet qui, on est d’accord, ne convient pas forcément à son style), les difficultés étaient là, les deux films sont différents, voir opposés, et du coup complémentaires, j’apprécie les deux.
      Bon par contre, Malick et moi, à part La Ligne Rouge, on est pas forcément potes 😀

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