THE PERFECT SECRET (Das Perfekte Geheimnis) de Bora Dagtekin (2019)

THE PERFECT SECRET

Titre Original : Das Perfekte Geheimnis
2019 – Allemagne
Genre : Comédie
Durée : 2h
Réalisation : Bora Dagtekin
Musique : Egon Riedel
Scénario : Bora Dagtekin

Avec Wotan Wilke Möhring, Jessica Schwarz, Elyas M’Barek, Karoline Herfurth, Frederick Lau, Jella Haase, Florian David Fitz et Katja Riemann

Synopsis : Sept amis de longue date, trois femmes et quatre hommes, se retrouvent pour un diner lors d’une petite soirée pas prise de tête. Mais alors que l’alcool grimpe dans le sang des différents couples, voilà qu’Eva propose un jeu qui aura de rudes répercutions. Chacun doit poser son téléphone sur la table, et peu importe le message ou l’appel qui arrive, tout le monde verra tout, entendra tout. Après tout, qu’est-ce qui pourrait mal se passer, si tous ces couples sont honnêtes les uns envers les autres…

Das Perfekte Geheimnis n’a pas eu énormément de visibilité. Pour preuve, il n’est sorti qu’en Allemagne, en Autriche, Hongrie, Italie et Russie, et s’il est possible de voir quelques sites l’appelant The Perfect Secret, traduction littérale du titre donc, il s’agît plus d’une traduction à la volée que d’une réelle traduction, le film étant toujours inédit quatre ans après sa sortie dans tout pays anglophone. Et francophone. Pourtant, on trouve à la mise en scène Bora Dagtekin, également scénariste, lui qui nous a livré la trilogie Un Prof pas Comme les Autres, comédies populaires Allemandes plutôt réputées et ayant eu droit à leur sortie un peu partout. D’ailleurs, il retrouve ici une bonne partie du casting. Elyas M’Barek et Karokine Herfurth jouent d’ailleurs encore un couple, et on retrouve également Jella Hasse, qui passe de cruche improbable dans la trilogie citée juste avant à une femme riche et plutôt terre à terre ici. Ici donc, un concept simple et pas spécialement nouveau, encore moins dans le domaine de la comédie. Trois couples et un homme seul, pour la plupart amis de longue date, se retrouvent dans l’appartement luxueux d’un des leurs pour une petite soirée pas prise de tête, avec un petit repas, du rire, des moqueries. Le genre de soirée que l’on connaît tous. Mais entre les couples formés depuis peu, ceux dont l’alchimie n’est plus franchement là, que ce soit avec leur fille adolescente rebelle, ou par manque de sexe dans le couple, par stress suite à la naissance de jumeaux ou j’en passe, la tension semble néanmoins présente dés le début, même si chacun le cache, essayant de sauver les apparences. Sauf qu’on est dans une comédie, et dans le genre, il faut que les événements s’accélèrent, que les situations se suivent et deviennent de plus en plus graves/embarrassantes/compliquées/amusantes. Ainsi, après quelques verres, voilà qu’Eva, psychanalyste en couple avec un chirurgien qui a une relation conflictuelle avec sa fille adolescente, a l’idée du siècle. Si personne n’a rien à cacher, si chacun est heureux, fidèle et honnête comme ils aiment le dire, et bien, posons les téléphones sur la table, tous sans exception, et chaque messages reçus, que ce soit par sms, telegram, instagram, whatsapp ou j’en passe, chaque appel reçu, tout sera partagé lors du repas.

Un concept aussi simple que déjà vu dans le fond. Mais pour peu que l’on adhère à l’humour souvent bête et méchant du réalisateur, qui en plus soigne un peu plus sa mise en scène et sa photographie, sans doute grâce au lieu quasi unique du film, et bien, on s’amuse. Les acteurs aussi semblent énormément s’amuser, ce qui sera confirmé d’ailleurs par l’habituel bêtisier de fin lors du générique. Ainsi, ça commence doucement, quelques appels sans importance, ou des messages en rapport avec le travail des uns et des autres. Mais le spectateur sait déjà par avance que tout le monde doit forcément avoir quelque chose à cacher. Que ce soit le petit mensonge, ou le très gros mensonge. Car oui, ça va très vite prendre des proportions énormes, et surtout, la bêtise des uns ne va pas forcément venir aider les soucis des autres. C’est le cas d’ailleurs du personnage joué par Elyas M’Barek, qui pour cacher son infidélité, et comme il a le même téléphone que son ami, venu seul lui à la soirée, décide qu’ils vont échanger leurs téléphones. Forcément, au début, il croit avoir éviter le pire, quand c’est son ami qui passe pour un pervers recevant une photo bien coquine d’une jeune femme faisant du yoga nue. Avant forcément qu’il ne se prenne un gros retour de bâton dans la face, quant face à l’intégralité de ses amis, il reçoit des messages clairement homosexuels, et essaye d’assumer jusqu’au bout l’échange des téléphones, se faisant donc passer auprès de ses amis et de sa femme comme un homme qui a douté et a donc expérimenté. Mais ça encore, même si ça prend de grosses proportions, notamment comiques (tout en dénonçant malgré l’amitié de gros préjugés), ça va, mais le film ira bien entendu plus loin, avec de l’infidélité beaucoup moins « fun », des tromperies, de l’addiction à la drogue, des amantes enceintes, des cadeaux couteux qui sont en réalité du toc…

Tout monte bien vite en gravité, et les rires sont nombreux, non pas avec l’originalité du propos ou des situations, car en soit, rien de nouveau, mais grâce à une certaine maitrise dans l’accumulation des détails, des situations, et à l’alchimie entre les différents acteurs. C’est ça qui fait passer la pilule, deux heures durant. Car oui, encore une fois, le spectacle proposé dure 2h. Deux heures pour briser trois couples et encore plus d’amitié, ou chacun tentera de se justifier, parfois en inventant d’autres mensonges. Mais certains mensonges sont difficiles à pardonner, et certaines réalités plutôt difficiles à avaler, à accepter. Finalement, tout le monde a quelque chose à cacher, pour diverses raisons, et seule une poignée de personnages peuvent ici être vraiment considérées comme des gens bien, tant certains mentent, voir parfois font le mal dans leur propre intérêt. Mais pas d’inquiétudes, Das Perfekte Geheimnis reste avant toute chose une comédie, et le trait est très souvent bien grossis pour faire passer la pilule, amener le rire. Le casting fait tout simplement très bien le boulot, tout s’enchaîne vite et bien, et si l’on pourra regretter la facilité du final que l’on voit venir à des kilomètres au moins, ou que l’on peut regretter que quelques personnages soient justement en retrait lors du dit final (Jella Haase, pourtant techniquement le personnage le plus attachant et qui a le moins de choses à se reprocher), l’ensemble passe et nous offre ce qu’il devait nous offrir : du divertissement pas prise de tête. Et en ce sens, on peut être heureux que les sorties en DVD et Blu-Ray en Allemagne et en Espagne, pour les films venant de ces pays, bénéficient de sous titres Anglais, facilitant l’exportation. En bref, si vous voulez rire un coup, sans vous prendre la tête, ce film pourrait marcher sur vous. Si vous découvrez le réalisateur et les acteurs, et appréciez, foncez sur la saga Un Prof pas comme les Autres.